Le style papillon popularisé par Patrick Roy a vu son règne menacé il y a une vingtaine d'années par l'arrivée de gardiens au style hybride, mais un nouveau mouvement lui a permis de retrouver ses lettres de noblesse à la fin des années 90.

«Le style papillon a révolutionné le hockey, mais il avait ses limites, explique l'entraîneur des gardiens des Bulls de Belleville, Sébastien Farrese. C'était efficace pour faire le premier arrêt, mais les gardiens donnaient beaucoup de retours et n'étaient pas dans une position idéale pour bloquer le deuxième tir. Patrick Roy faisait des arrêts spectaculaires, le premier était solide, mais il devait se lancer à droite et à gauche pour le deuxième.»

Aujourd'hui, Carey Price, Roberto Luongo et 75% des gardiens de la LNH se retrouvent à genoux pour faire le premier arrêt, mais ils arrivent à se déplacer d'un poteau à l'autre sans avoir à se relever. Dans le jargon du hockey, on appelle ce mouvement le push (la poussée). Il s'agit là de la plus grande révolution chez les gardiens depuis la naissance du papillon.

«Le gardien va pousser sur une jambe pour passer d'un poteau à l'autre. Ça lui permet de faire face au tir suivant à une vitesse beaucoup plus grande, dit Sébastien Farrese. Il peut aussi se positionner plus rapidement quand l'adversaire fait circuler la rondelle devant lui avec des passes transversales. Les attaquants doivent trouver de nouvelles façons de marquer. C'est pourquoi on voit les joueurs tirer très bas, à six pouces de la glace, et foncer à toute vitesse vers le filet pour espérer un retour. La plupart des buts se jouent désormais à l'intérieur du demi-cercle.»

Effet boule de neige

Le mouvement push a été mis au point par le père du papillon, François Allaire. «On a développé ça en 2001 avec Jean-Sébastien Giguère à Anaheim, mais les autres ont commencé à s'en rendre compte en 2003 seulement, quand Jean-Sébastien a gagné le Conn Smythe en finale des séries éliminatoires. Quand on joue dans les séries et que notre gardien gagne un tel trophée, ça fait boule de neige. Mais sinon, qui regarde les Ducks? Quand un club joue dans l'Ouest et qu'il ne fait pas les séries, qui s'y intéresse?»

Jambière au sol

Un autre mouvement a été ajouté à l'arsenal de Giguère au cours de cette période, le one pad down, qu'on pourrait traduire par «une jambière sur la glace». Allaire et Giguère l'ont utilisé pour réduire le nombre de buts marqués d'angles impossibles.

«Avant le lock-out de 2004, les règlements permettaient aux défenseurs de jouer de façon plus robuste devant le filet et les attaquants lançaient de partout, raconte Allaire. Il y avait beaucoup de tirs de la ligne des buts et les joueurs parvenaient à compter quand ils lançaient entre les jambières d'un gardien qui collait son poteau. Avec ce nouveau mouvement, on a réalisé qu'on réduisait de façon importante le nombre de buts accordés dans de telles situations. On s'est mis à le pratiquer. Rapidement, les autres gardiens ont commencé à le développer et ils ont utilisé ce mouvement à toutes les sauces. Aujourd'hui, les jeunes gardiens n'ont pas besoin de se relever, ils sont très à l'aise de se déplacer à genoux d'un poteau à l'autre.»

La prochaine révolution? «Beaucoup de choses ont changé depuis le lock-out de 2004 avec les nouveaux règlements et on a eu à s'ajuster, répond Allaire. Il y a des situations de jeu qu'on s'est mis à pratiquer beaucoup plus qu'avant. Le prochain changement sera en réaction à une modification de règlement ou pour contrer le talent d'un joueur qui trouvera une nouvelle façon de marquer des buts.»