Le Canadien se prépare à ouvrir sa saison régulière, ce soir au Centre Bell, contre les Maple Leafs de Toronto. Mais il devra le faire sans celui qui était le meilleur défenseur du club la saison dernière.

Non, P.K. Subban n'a toujours pas réglé sa dispute contractuelle avec le Canadien, près d'une semaine après le retour des joueurs au boulot. Ce soir, quand le Canadien disputera son premier match de la saison, Subban sera chez lui dans la région de Toronto, sans trop savoir quand aura lieu son premier match à lui.

Le problème, il est bien connu: le défenseur souhaite une entente à long terme, ce que lui refuse pour l'instant la direction montréalaise.

Don Meehan, son agent, estime qu'il y a toujours un écart entre les deux parties.

«Nous poursuivons les négociations, a expliqué M. Meehan à La Presse, hier, lors d'une entrevue téléphonique. Je ne veux pas commenter la nature de nos pourparlers. Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons de la difficulté à trouver un terrain d'entente.»

Selon Meehan, Subban aimerait mieux être sur la glace du Centre Bell ce soir. «Dans un monde idéal, il serait là avec le reste de l'équipe... Ce qui se passe, ce n'est pas bon pour les deux parties. C'est un peu comme le lock-out qu'on vient de vivre; ce n'est bon pour personne.»

Un pari risqué

Pour Subban, le pari est assez gros. Risque-t-il de se mettre à dos ses coéquipiers du CH avec une trop longue absence?

«Je ne crois pas que ça va créer des frictions, a répondu l'entraîneur Michel Therrien, hier. On voudrait qu'il soit ici, on aimerait ça, mais il faut se concentrer sur les gars qui sont présents, un peu comme on le ferait dans le cas d'un joueur blessé. Je préfère laisser ça entre les mains de ceux qui s'occupent du dossier.»

Dans le vestiaire, par contre, l'absence de Subban fait jaser. Déjà que le défenseur indispose parfois certains collègues avec sa flamboyance et son côté verbomoteur, sa décision de rester à la maison en ce début de saison ne va certes pas l'aider à se faire de nouveaux amis.

Le défenseur Josh Gorges ne sait pas trop de quelle manière Subban sera reçu lorsqu'il aura enfin son nouveau contrat en poche.

«Je ne suis pas sûr, a-t-il dit. On verra. C'est dur à comprendre... Le but du hockey, c'est de gagner en équipe. Si on a du succès, c'est à cause de l'équipe.

«Je ne voudrais pas être dans cette position. C'est certain qu'un joueur essaie toujours d'avoir la meilleure entente possible. Un gars dans sa situation n'a pas beaucoup de droits quant à la négociation, alors il doit dire oui à un contrat de transition, en attendant de mériter le droit de négocier à la hausse par la suite. Je pense que 95 % des joueurs sont déjà passés par là.»

Gorges a lui aussi vécu une situation un brin similaire à l'été 2011. Il voulait un contrat à long terme, ce que la direction montréalaise d'alors lui refusait. Résultat? Gorges a dû dire oui, un peu à regret, à un contrat d'une seule saison, avant de finalement conclure une entente de six ans il y a un an.

«Je voulais un contrat à long terme moi aussi, mais avant ça, j'ai dû dire oui à une entente d'un an, parce qu'il fallait que je prouve que j'allais être prêt à faire tout ce qu'il fallait. Quand tu fais ce qu'on attend de toi, tu es éventuellement récompensé.»

En attendant de revoir Subban avec eux sur la glace, les joueurs du Canadien tentent d'amorcer leur saison sans trop penser à celui qui est absent. Ce n'est pas toujours facile; jeudi soir, lors du match intra-équipe, les partisans ont scandé le nom du grand absent à plusieurs reprises. Le feront-ils ce soir aussi?

Le capitaine Brian Gionta estime que le Canadien doit avancer malgré tout.

«Dans son cas, c'est une décision d'affaires, a-t-il expliqué. Quand il sera de retour, il redeviendra un des gars, tout simplement. Il n'y a personne qui va l'ignorer ou le bouder dans cette équipe.»