Si le Centre Bell est un temple, les partisans, des fidèles et le Canadien, une religion, qu'aura été le lock-out? Rien de moins qu'une épreuve de la foi, selon le théologien Olivier Bauer, qui y voit une métaphore de la mort du Christ suivie de sa «résurrection».

Que l'entente de principe qui a mis fin à des mois de conflit de travail survienne un 6 janvier, jour de l'Épiphanie, n'a d'ailleurs pas surpris ce professeur de l'Université de Montréal, qui martèle depuis des années que le hockey est une religion au Québec.

Lors de l'annonce du lock-out, le 15 septembre dernier, M. Bauer a vu «une sorte de fin du monde» rappelant le Vendredi saint dans la tradition chrétienne, soit la mort du Christ.

«J'arrive à imaginer un partisan qui pouvait se sentir comme un disciple de Jésus le jour de la crucifixion. Il se disait: "Mais tout ce qu'il m'a fait vivre jusqu'à présent est en train de disparaître et il n'y a plus de trace". Il y a eu du désarroi», explique Olivier Bauer, faisant référence à ces disciples de la sainte Flanelle privés de leur messe familière et des apôtres Carey Price, P.K. Subban et Scott Gomez.

«A suivi une descente aux enfers qui a duré quatre mois. Et puis là, tout d'un coup, il y a cette annonce d'entente et cette idée d'une espèce de résurrection. Malgré quatre mois, on avait raison d'y croire», affirme-t-il avant d'ajouter que ces comparaisons sont faites «avec un peu d'humour».

Un amour inconditionnel

L'auteur d'Une théologie du Canadien croit d'ailleurs que les partisans n'ont jamais perdu la foi. Bien sûr, certains appellent au boycottage - anathème! -, mais la plupart seront au rendez-vous lors du premier match de la saison.

«Je suis prêt à parier que le premier match au Centre Bell sera complet, et ce, malgré les pitoyables résultats du Canadien l'an dernier et les quatre mois de sevrage.

«Il y aurait toutes les raisons du monde pour que les amateurs se tournent vers un autre sport ou vers du hockey d'autre catégorie, estime Olivier Bauer. La ligue et les joueurs ne se sont pas montrés fidèles aux amateurs, mais ça ne va pas empêcher les partisans de garder confiance. C'est assez surprenant. On est un peu au-delà du rationnel.»

En somme, le théologien amateur de hockey tire une simple conclusion de ce lock-out. «Les dieux du hockey seront toujours plus forts que Mammon, le démon de l'argent», tranche-t-il.

Et nous d'ajouter tout naturellement: amen!