Bien que 25 des 26 clubs qui composent la Ligue continentale préconisent du hockey axé sur la vitesse, le talent et la possession de rondelle, la KHL doit composer avec un mouton noir: le Vityaz de Chekhov.

Le Vityaz est le seul club de la KHL qui mise sur le jeu robuste et les bagarres pour gagner. Ou pour tenter de le faire. Lundi, la tactique a fonctionné. Trevor Gillies a passé le K.-O. à John Minasty, un ancien goon de la Ligue américaine qui joue pour le Barys d'Astana en première période. Cette bagarre a gelé le Barys tout autant que Minasty. Le Vityaz a gagné 2-1 en tirs de barrage.

Ce combat a ravi les fans du Vityaz tout autant que la victoire. Plus même. Après la rencontre, Gillies, sous les acclamations de quelques dizaines de partisans, a d'ailleurs accordé plus d'entrevues que l'auteur du but gagnant, Artemy Panarin.

«Nous nous connaissons bien, John et moi. Il m'a déjà passé le K.-O.. Ce soir, c'est moi qui l'ai fait. Je suis juste content de voir qu'il est bien remis», a répété plusieurs fois Gillies après la rencontre.

Après avoir échangé des coups de poing sur la patinoire, Gillies et Minasty échangeaient des blagues après le match, en compagnie de l'autre goon du Vityaz, Jeremy Yablonski, qui n'avait pas endossé l'uniforme ce soir-là. Pendant qu'ils parlaient, les trois matamores étaient acclamés par quelques dizaines de partisans demeurés dans les gradins. Comme quoi, la grande popularité des bagarreurs est contagieuse sur la planète hockey.

Faire sa marque

J'ai intercepté Gillies après le match. Il n'était bien sûr pas d'accord avec les prétentions d'Oleg Petrov selon lesquelles la KHL n'avait pas de place pour les joueurs d'énergie confinés aux troisième et quatrième trios dans la LNH.

«Je me suis battu toute ma vie pour me faire une place dans la LNH. Je me bats maintenant pour y arriver ici. Je crois d'ailleurs que la meilleure façon de faire avancer le hockey ici est de s'imposer physiquement en déployant un bon échec avant et en frappant rondement l'adversaire pour le ralentir», a-t-il plaidé.

En théorie: peut-être. Mais Gillies, qui est toujours en quête d'un premier point cette année dans la KHL, n'a assuré que six présences totalisant 3: 47 lors du match. Bon! Il a fait son job. Son entraîneur Yury Leonov est d'ailleurs venu lui serrer les deux épaules en guise de félicitations.

Mais si le Vityaz se bat cette année pour une place en séries au lieu de se battre pour éviter de terminer au dernier rang, c'est surtout parce qu'il s'est mis à jouer au hockey au lieu de multiplier les minutes de pénalité. L'embauche d'Andrei Markov s'inscrit d'ailleurs dans cette quête de points au classement et non simplement de minutes passées au cachot.

Cette année, le Vityaz est sixième sur la liste des clubs les plus punis. Il affiche 24 points. Le même nombre que le Lev (Prague), le Donbass (Donetzk) et l'Atlant (Mystishchi) qui le devancent aux huitième, neuvième et 10e rangs dans l'Association de l'Ouest.

Un revirement majeur en comparaison à ses quatre premières saisons dans la KHL. Le Vityaz a écopé 1800, 2017, 1200 et 1762 minutes de pénalités lors de ces saisons. Presque le double du club qui le suivait. Il a terminé 23e sur 24 au classement général lors des deux premières saisons, 21e sur 23 lors de la troisième et bon dernier l'an dernier.

Comme quoi, c'est peut-être Oleg Petrov qui a raison après tout. Du moins, on l'espère.