La présence de la LNH se fait sentir en Europe durant le lock-out. C'est particulièrement le cas en Suisse où se retrouvent en ce moment 23 joueurs ayant évolué dans le circuit Bettman l'an dernier. Durant la prochaine semaine, La Presse rencontrera diverses personnalités gravitant autour de la Ligue suisse, chacun avec ses motivations propres.

Parfois, il n'y a rien comme de rentrer à la maison pour se réchauffer le coeur et se remettre les idées à la bonne place.

Oh certes, Yannick Weber préférerait être à Montréal et entamer la saison de la LNH en un claquement de doigts. Mais les choses étant ce qu'elles sont, il profite à plein de son séjour en Suisse pour refaire le plein de confiance.

Et plus le temps passe, et plus le lock-out se prolonge, plus le mauvais souvenir de la saison dernière s'efface.

Weber s'est entendu avec le club de Genève-Servette, avec lequel il a récolté trois buts et six points en huit matchs.

«Je me suis blessé à la fin de la saison et je n'ai pas participé au Championnat du monde. Mon dernier match remontait au 23 mars, ç'a été long», a rappelé le défenseur de 24 ans lorsque La Presse l'a rencontré dans un café genevois.

Weber avait hâte de jouer et avait hâte de gagner. Il a été bien servi! Car, en tant que défenseur-étoile de son club, il a été partie prenante d'un record qui a fait les délices de la Ligue suisse: Genève-Servette a entrepris sa saison en remportant ses neuf premiers matchs, la plus longue série victorieuse jamais inscrite chez les Helvètes.

«Nous avions le sentiment que nous n'allions jamais perdre, raconte Weber. Nous étions très dominants. Dans ce contexte-là, c'était facile de sauter dans le train.

«Les médias se sont rués là-dessus et les fans étaient aussi bien contents. C'est en effet un record assez spécial. Mais dans les rues de Genève, honnêtement, ça n'a pas fait vibrer les gens tant que ça. De toute façon, nulle part en Europe vous ne trouverez dans la rue le même genre de passion pour une équipe de hockey qu'à Montréal.»

Il fallait faire jouer l'argent...

Ce début de saison à Genève est complètement à l'opposé de ce que Weber a vécu avec le Tricolore l'an dernier. Pas que ça ait si mal débuté pour lui - le mois d'octobre avait été son meilleur de la saison -, mais les défaites se sont vite accumulées. Et ce sont les joueurs comme lui, au statut plus précaire, qui en ont fait les frais.

«Quand une équipe perd une série de matchs, la laisse devient plus courte. Cinq bonnes performances ne valaient rien si j'avais des difficultés dans le sixième.»

Ça ne s'est guère arrangé avec l'arrivée de Tomas Kaberle.

«Il faut faire jouer l'argent», lui a fait valoir l'ex-DG Pierre Gauthier au cours de l'hiver.

Mais tout ça est terminé maintenant. Le jeune Suisse pense en fonction de l'avenir et sait qu'il devra rapidement gagner la faveur des nouveaux patrons.

«Je veux être prêt lorsque le camp d'entraînement du Canadien commencera, dit-il. Il pourrait bien ne durer qu'une semaine. Ça me donnerait une longueur d'avance d'avoir continué à jouer entre-temps.»

Dirigé par McSorley

La série de victoires de Genève-Servette s'est arrêtée samedi dernier contre le HC Berne. Le match a été marqué par l'expulsion de l'entraîneur Chris McSorley, qui a trop enguirlandé les arbitres à la fin du deuxième vingt.

«J'en ai profité pour répondre à mes courriels», a-t-il répondu aux journalistes qui lui demandaient s'il avait suivi la troisième période.

Ce McSorley est le frère de Marty, l'ancien protecteur de Wayne Gretzky chez les Kings de Los Angeles. Chris McSorley est devenu entraîneur-chef à Genève lorsque Philip Anschutz, propriétaire des Kings, s'est porté acquéreur des Aigles en 2001.

Même si Anschutz a retiré ses billes en 2005, McSorley, lui, est resté. Et le coloré personnage est maintenant un incontournable de la Ligue nationale suisse.

«Quand McSorley a pris l'équipe en main, elle ne valait rien, elle croupissait en Ligue B, rappelle Weber. Mais depuis, il en a fait quelque chose de très professionnel et il est en grande partie responsable des succès de l'équipe.»

L'arrière du Canadien se réjouit d'évoluer sous ses ordres, car malgré les patinoires plus grandes et le style qui diffère quelque peu du jeu nord-américain, McSorley conserve une mentalité canadienne dans son approche.

«On a beaucoup d'espace et de temps de réaction ici, mais le coach m'encourage à maintenir un tempo rapide et à ne pas trop faire de manoeuvres afin de ne pas prendre de mauvais plis.»