Elle semble bien lointaine l'époque où Michel Ouellet a connu trois saisons de plus de 15 buts dans la Ligue nationale, dont deux sous les ordres de Michel Therrien avec les Penguins de Pittsburgh.

Car il a fallu une invitation au camp des Bulldogs de Hamilton, la semaine dernière, pour que l'attaquant de 30 ans ait une chance d'évoluer chez les pros cette saison.

«J'ai attendu tout l'été d'obtenir une offre en Amérique du Nord, raconte Ouellet. Ça a été difficile, mais j'aborde ça de façon positive. J'arrive ici avec l'idée de montrer ce que je suis capable de faire et de mettre à profit l'expérience acquise au fil des ans.»

Ouellet a des atouts en main par rapport aux autres joueurs du camp. Une récolte de buts inégalée dans la LNH, par exemple.

Il reste qu'il est à Sherbrooke sur la base d'une simple invitation. Par rapport à des joueurs à qui reste deux ans de contrat, sa précarité d'emploi le rend vulnérable.

«Ce n'est qu'un essai et la suite dépendra de mes performances», reconnaît-il.

En temps normal, le règlement de la Ligue américaine sur les vétérans compliquerait encore davantage la tâche de Ouellet. Aucune équipe ne peut aligner plus de six joueurs - exception faite des gardiens - ayant disputé plus de 260 matchs réguliers chez les pros.

Or, chez les Bulldogs, seuls Zack Stortini (477) et Michael Blunden (347) entrent dans cette catégorie.

Une philosophie axée sur les jeunes

Les Bulldogs ne sont pas exactement constitués de vétérans aguerris qu'on a réuni dans l'objectif de gagner la Coupe Calder.

«La philosophie de l'organisation ne ressemble pas, par exemple, à celle des Bears de Hershey, explique l'entraîneur-chef Sylvain Lefebvre. On ne veut pas d'une équipe de vétérans. On veut des gars qui vont montrer le bon exemple et aider les jeunes, certes, mais les vétérans qui se greffent doivent avoir une chance de jouer pour le Canadien.»

Même s'il est encore tôt, Lefebvre croit que les jeunes Bulldogs pourraient bénéficier de l'expérience et de la réputation que s'est bâtie Ouellet.

«Michel est une bonne personne avec de bonnes habitudes de travail, affirme Lefebvre. Il sait ce que ça prend pour jouer chez les pros. Il est en période d'évaluation comme les autres, mais on le connaît et on sait ce qu'il peut apporter.»

«Tout a plongé un peu...»

Son expérience, Ouellet l'a chèrement acquise. Il semblait en voie de s'établir dans la LNH au milieu des années 2000 jusqu'à ce qu'il quitte Tampa Bay dans une période de tumulte chez le Lightning.

Échangé aux Canucks de Vancouver à la fin du camp de 2008, il a commencé la saison dans la Ligue américaine avant de subir une opération à l'épaule en cours de saison.

«Tout a plongé un peu à partir de là», dit-il.

Incapable d'entreprendre la saison suivante à temps, Ouellet a fini par se trouver du boulot à Fribourg, en Suisse, puis en Allemagne l'année d'après.

«Je suis le genre de joueur qui reste autour du filet pour compter ses buts tandis qu'en Europe, sur des patinoires plus grandes, les joueurs restent plus en périphérie et ne tirent pas au filet dans le but de provoquer un retour, explique-t-il. De ce point de vue là, j'ai trouvé ça dur en Europe.»

De retour dans la Ligue américaine la saison dernière, Ouellet a récolté 16 buts et 31 points en 55 matchs avec les Admirals de Norfolk. Ce ne fut pas suffisant pour qu'il se déniche un nouveau contrat dans le circuit Andrews.

Jusqu'à quel point Michel Therrien a eu son mot à dire dans l'invitation qu'il a reçu des Bulldogs?

«Je ne peux en être certain, car on ne s'en est pas parlé, mais c'est sûr que ça peut aider, a convenu l'ailier de 30 ans. J'ai connu du succès avec lui et puisqu'il est maintenant dans l'organisation, à quelque part ça peut se rejoindre.»