Le lock-out dans la LNH est ressenti à tous les autres échelons du hockey, que ce soit dans la Ligue américaine, en Europe ou dans le junior. Plusieurs joueurs évoluent ailleurs que là où ils seraient normalement.

Et il y en a qui en font les frais.

Chez les Bulldogs de Hamilton, un joueur comme Olivier Fortier a été forcé d'accepter un contrat à deux volets (Ligue américaine/ECHL) après que le Canadien ne lui eut pas soumis d'offre qualificative. Même si Fortier jouait souvent au sein des deux premiers trios l'an dernier, sa place au sein chez les Bulldogs n'est pas assurée.

«C'est plus dur d'avoir un contrat dans le contexte actuel», convient Fortier, qui a été poursuivi par la malchance et les blessures.

«Habituellement, il y a des blessures qui surviennent lors d'un camp de la Ligue nationale, de sorte que plusieurs joueurs commencent en haut et qu'un besoin de joueurs se crée dans la Ligue américaine. Cette année, ce n'est pas le cas. Le fait que les Leblanc, Geoffrion, Palushaj et Blunden soient redescendus, ça enlève des postes »

L'effet domino a été tel qu'un joueur dans une situation semblable à celle de Fortier, l'ailier Dany Massé, a préféré prendre une année sabbatique et s'inscrire à l'Université McGill...

Bournival veut être l'un des 12

Au camp des Bulldogs, pas moins de 26 attaquants se disputent 12 postes réguliers et deux autres de substituts. La compétition est féroce.

La recrue Michaël Bournival a tenu à démarrer sur les chapeaux de roue afin de gagner rapidement la faveur de ses patrons. Dimanche, au deuxième jour du camp d'entraînement, l'ancien capitaine des Cataractes de Shawinigan a marqué les deux seuls buts du match intra-équipe. Un match intense et typique de la Ligue américaine où l'espace se faisait rare.

«Le camp n'est pas long et je veux faire bonne impression, car c'est ma première année chez les Bulldogs et ils me connaissent un peu moins», a expliqué Bournival.

Dans les faits, l'attaquant de 20 ans n'a pas trop à s'en faire. Des recrues comme Brendan Gallagher et lui auront assurément une place.

Les postes de Louis Leblanc, Aaron Palushaj, Blake Geoffrion, Mike Blunden et Gabriel Dumont leur sont acquis, tout comme celui du Finlandais Joonas Nattinen, qui a fait des progrès marqués l'an dernier.

Et il y a le rude Zack Stortini qui a signé la semaine dernière un contrat de la Ligue américaine.

Nous en sommes déjà à neuf attaquants avant même d'avoir nommé les jeunes Patrick Holland et Steven Quailer, qui reluquent aussi une place, et d'autres joueurs qui faisaient partie de la formation l'an dernier comme Fortier, Ian Schultz, Alain Berger, Alexander Avtsin et Philippe Lefebvre.

Et c'est sans compter l'invitation lancée à l'ancien des Penguins de Pittsburgh Michel Ouellet...

«Certains gars sont considérés comme de meilleurs espoirs pour l'organisation, mais on veut donner la chance à tout le monde, explique l'entraîneur-chef Sylvain Lefebvre. On veut avoir une équipe qui va produire des joueurs pour le grand club.»

Rien d'acquis

L'effet d'entonnoir créé par le lock-out pourrait bien se résorber du jour au lendemain lorsque le conflit sera réglé. Mais en attendant, les jobs sont âprement disputés.

«Il y a toujours des gars qui tenteront de voler mon poste, indique Ian Schultz. Je crois m'être établi lors des deux dernières saisons, entre autres en jetant les gants de temps à autre.»

«Cette compétition serrée me force à élever mon jeu. Plus c'est intense, plus ça devient physique, et à ce jeu-là je suis avantagé.»

Malgré ses 109 points avec les Americans de Tri-City l'an dernier, Patrick Holland voit bien lui aussi que rien n'est gagné. Il entend miser sur son sens du hockey et sa vision du jeu pour se frayer un chemin.

«C'est difficile de voir à l'heure actuelle quel sera mon rôle - ou si j'en aurai un tout court, indique l'ailier de 20 ans. Il faudra que je m'en crée un. Je vais devoir jouer intelligemment, voir là où je peux combler un besoin et exceller dans ce département.»