Les amateurs de hockey montréalais sont tous déçus de voir la LNH suspendre ses activités, mais ne s'entendent pas sur les responsables de la situation.

En fin de semaine, La Presse a visité quelques bars sportifs pour sonder l'âme des accros de la rondelle. Au menu: tristesse, frustration et résignation.

«C'est terrible et en tant que fans, on ne peut rien faire, on est impuissants», se désole Bobby Kelly, jeune vingtaine, attablé à la Cage aux sports du Vieux-Montréal. Il assure suivre la LNH de très près, en plus de publier ses impressions et ses analyses dans un blogue. «Ce qui est encore plus triste, c'est de savoir qu'on sera de retour aussi fidèlement lorsque ça va reprendre.»

À sa gauche, Josh McMillan, qui avoue s'être levé à 3h du matin pour regarder les matchs de hockey à la télévision pendant un voyage en Europe. Lui aussi se dit frustré par le conflit de travail. «Extrêmement décevant», lâche-t-il. Rashmikant Patel, lui, est «déçu, mais pas surpris» par la situation. «Ça faisait déjà un moment qu'on le savait», estime-t-il. «Ça fait partie de l'industrie, ça fait partie du jeu.»

Au Bruno Sport Bar, rue Beaubien, c'est André qui se plaint de la situation. «Bettman est vraiment, mais vraiment arrogant», critique-t-il. Il croit que les joueurs «ont déjà mis de l'eau dans leur vin».

À qui la faute?

Tous ne sont pas d'accord avec lui. En fait, les amateurs semblent très divisés lorsque vient le temps de déterminer un coupable.

«Je suis totalement en désaccord avec les joueurs. Je crois qu'ils auraient dû rentrer au travail», juge Fred Thiessen, qui a un abonnement de saison aux matchs des Canucks de Vancouver. «C'est un jeu. Ils font de très bons salaires et sont très bien traités. Je ne suis pas contre les syndicats ou contre les bonnes conditions de travail. Il s'agit de gens très riches.»

Mourad Medini n'est pas du même avis. Il est arrivé d'Algérie en 2005, année du dernier lock-out dans la NHL. Lorsque les matchs ont repris, il a commencé à s'intéresser au hockey pour avoir un sujet de discussion avec ses collègues de bureau. Maintenant, il «regarde tous les matchs».

Assis derrière sa bière au bar MVP, rue Sainte-Catherine, il souligne qu'il ne faut pas oublier que les coffres des équipes et de la ligue sont bien remplis. «À mon avis, les joueurs ont raison», tranche M. Medini. «Quand on dit tel joueur gagne tant d'argent, les gens sont impressionnés. Mais on ne regarde pas ce qu'il y a derrière: les profits de l'équipe, la publicité. Il y a tellement d'argent qui est généré.»