Les discussions entourant le renouvellement de la convention collective de la LNH traitent d'enjeux qui diffèrent beaucoup de ceux qui avaient mené au lock-out de 2004-2005. Regardons les principaux écueils qui guettent les deux parties à 72 heures de l'échéance du contrat de travail.

QUEL POURCENTAGE DES REVENUS IRA AUX JOUEURS?

Gary Bettman a voulu réduire les pourparlers de mercredi à leur plus simple expression en parlant strictement de pourcentages avec son vis-à-vis Don Fehr. En vertu de la dernière convention collective, les joueurs touchaient 57% des revenus de la ligue reliés au hockey. Dans ces négos, la LNH cherche à tout prix à réduire la part des joueurs. Son offre est passée de 43% à 46% avant de franchir un nouveau seuil, hier. Elle a proposé des revenus décroissants qui passeraient de 49% la première année de l'entente à 47% lors des quatre dernières années d'un pacte de six ans. «Ce sont de 250 à 300 millions de plus que nous offrons de remettre aux joueurs», a plaidé Bettman. Un argument qui n'émeut guère les joueurs. Ceux-ci estiment que la ligue, loin de faire des concessions, ne fait que braquer un peu moins leurs acquis. L'Association des joueurs, de son côté, refuse que la ligue fasse des ponctions dans des contrats déjà existants. Elle propose, au lieu de réduire progressivement sa part des revenus reliés au hockey (RRH), de réduire sa part de 57% à 52%, sur la base d'une croissance de 7%, si la ligue continue de croître au rythme où elle l'a fait lors de la dernière convention. «Les épargnes en salaires pour les propriétaires au cours de cette période seraient la bagatelle de 900 millions», avance Don Fehr.

LES REVENUS RELIÉS AU HOCKEY (RRH)

Dans ses propositions précédentes, la LNH voulait apporter des modifications sur la définition des revenus reliés au hockey (RRH) incluse dans la convention collective actuelle. Est considéré comme un RRH tout ce qui exploite directement la performance des joueurs, depuis la vente de billets jusqu'aux droits de diffusion. Devant l'explosion de ses coûts d'exploitation, la LNH espérait faire des gains en redéfinissant les RRH et en les calculant de façon différente. La définition actuelle irritait aussi les joueurs. Par exemple, ceux-ci ne touchent pas un sou sur la vente de chandails à leur effigie. Malgré les récriminations des deux côtés, l'Association des joueurs demande que l'on conserve la définition actuelle de RRH afin que les deux parties puissent travailler selon les mêmes paramètres. Hier, ce fut le principal sujet de discussion. Dans sa plus récente proposition, la LNH a accepté de revenir à l'ancienne formule des revenus reliés au hockey. On parle d'une somme avoisinant les 100 millions auxquels elle accepterait de renoncer.

COMMENT ET EN COMBIEN DE TEMPS...

Si les deux parties arrivaient à s'entendre sur la répartition des revenus, et que cela devait rapporter moins aux joueurs, il faudrait déterminer de quelle manière et combien de temps les joueurs seraient pénalisés. Le plan de réduction des salaires de 9,7% proposé par la ligue ne passerait pas par une diminution rétroactive, comme ça avait été le cas en 2004-2005. La ligue placerait plutôt en fiducie une portion des contrats. C'est le fameux «escrow». Entre cela et une diminution rétroactive, c'est du pareil au même, disent les joueurs. La LNH privilégie la méthode radicale afin de récupérer beaucoup d'argent en peu de temps. L'AJLNH, en revanche, estime que n'importe quel scénario doit être progressif. La décroissance proposée hier, qui ferait passer les revenus des joueurs à 49% puis à 47%, est une hypothèse qui va dans ce sens. Mais on en revient toujours au même point: les joueurs ne sont pas prêts à faire des concessions si les équipes n'y mettent pas du leur. Propriétaires et joueurs continuent de tenir deux discours opposés. On sent toutefois une ouverture en ce qui a trait à la durée du contrat de travail. Après avoir proposé des conventions collectives de trois et quatre ans, l'Association des joueurs a soumis hier plusieurs scénarios, les plus probables proposant une entente de cinq ans. Quant à la LNH, elle tient à un pacte de six ans, mais il est permis de croire que les deux parties arriveront assez facilement à un terrain d'entente. De toute façon, comme le dit si bien Gary Bettman: «C'est difficile de négocier la durée d'une entente avant d'en connaître le contenu.»

LE PARTAGE DES REVENUS

Les revenus de la LNH sont passés de 2,2 à 3,3 milliards durant la convention collective actuelle. Cela correspond à une hausse annuelle d'environ 160 millions. C'est vraiment une douzaine d'équipes qui génèrent la majorité de ces revenus, tandis que les équipes du dernier tiers ne peuvent couvrir leurs dépenses et peinent à atteindre le plancher salarial. Devant cette situation, l'Association des joueurs plaide que le fond du litige ne sera pas réglé tant que la ligue ne se concentrera pas davantage sur l'accroissement de ses revenus. «C'est plus facile d'aider les équipes en difficulté quand 100% de l'aide vient des salaires des joueurs», a ironisé l'attaquant Mathieu Darche, qui est à la table de négociations. Don Fehr a assorti chacune de ses propositions d'hypothèses sur un meilleur partage des revenus entre les équipes. «On leur a proposé certains instruments qui protégeraient les équipes les plus en difficulté, et d'autres qui sont des incitatifs à la croissance», a mentionné Fehr. L'Association des joueurs propose entre autres de faire passer le partage annuel des revenus de 50 à 250 millions et de permettre aux équipes d'échanger ou de vendre de l'espace sous le plafond salarial. Elle veut en outre mettre sur pied un fonds servant à stimuler la croissance de l'industrie. Mais Bettman balaie ces idées d'un revers de main. «Ce n'est pas un enjeu pour nous. Il y aura amplement d'argent disponible pour répondre à n'importe quel besoin de partage des revenus.»

LE PROBLÈME DES DEUXIÈMES CONTRATS

«Outre la question des pourcentages, il y a plusieurs autres dossiers qui restent à régler», a rappelé Mathieu Darche. Et ces dossiers n'ont même pas pu être abordés lors de la réunion d'hier. Parmi eux, la question des deuxièmes contrats consentis aux jeunes vedettes de la ligue, qui a causé beaucoup d'inflation durant la dernière convention collective. On l'a encore vu avec Tyler Seguin, mardi, qui a signé un contrat de six ans avec les Bruins de Boston, emboîtant le pas entre autres à Taylor Hall et Jordan Eberle, des Oilers d'Edmonton. Depuis quelques semaines, les équipes s'empressent de s'entendre avec leurs jeunes vedettes. Assez ironique de constater qu'elles s'activent à profiter pendant qu'il est encore temps d'un système que leurs propriétaires dénoncent! Quoi qu'il en soit, la ligue continue de se montrer gourmande sur les questions contractuelles: la durée des premiers contrats professionnels qui passerait de trois à cinq ans, une limite de cinq ans sur tous les autres contrats, l'abolition de l'arbitrage salarial et l'autonomie complète disponible après 10 ans dans la LNH sont des mécanismes visant à freiner l'inflation et à augmenter le contrôle des équipes sur leurs jeunes joueurs. Et ce sont autant de points litigieux pour lesquels les joueurs prônent le statu quo.