Les joueurs du Canadien veulent se tourner vers la Commission des relations du travail du Québec afin de mettre de la pression supplémentaire sur la Ligue nationale de hockey et ses propriétaires.

Voilà, en substance, ce qu'ont admis Josh Gorges et Mathieu Darche lors d'une conférence téléphonique hier après-midi. Sans hésiter, les deux représentants du syndicat des joueurs ont chacun reconnu que la dernière offensive des joueurs - contester la légalité d'un lock-out au Québec - vise avant tout à forcer les dirigeants du circuit à reprendre les négociations au plus vite.

«On veut accélérer le processus de négociations pour en venir à une entente, a reconnu Mathieu Darche. Nous sommes ici à New York, mais eux autres (les propriétaires) ne le sont pas.»

Avec la date butoir du 15 septembre qui approche dangereusement, les deux parties n'ont toujours pas réglé leurs différends sur le partage des revenus liés au hockey. «Nous, ce qu'on veut avant tout, c'est de pouvoir jouer. On peut jouer et continuer les négociations après le 15 septembre s'il le faut», a répété Gorges, vétéran défenseur du Canadien.

Vendredi, les joueurs du club montréalais, par l'entremise de leur avocat Michael Cohen, ont fait parvenir une mise en demeure au Club de hockey Canadien, ainsi qu'à la LNH, signifiant leur intention de se tourner vers la CRT si jamais un lock-out est décrété le 15 septembre.

Les patineurs soutiennent qu'en vertu des lois québécoises, un employeur ne peut mettre ses employés en lock-out si ces derniers ne sont pas représentés par un syndicat accrédité. L'Association des joueurs, rappelons-le, n'est pas accréditée par la CRT.

De son côté, la Ligue nationale ne semble pas inquiétée par cette stratégie. Dans un courriel envoyé à La Presse, Bill Daly, le numéro deux de la LNH, soutient que la ligue n'a pas été surprise par cette décision des joueurs.

«Ce geste n'était pas inattendu, a écrit Bill Daly. Nous allons y répondre au moment jugé opportun. Cela n'aura aucun impact sur les négociations, ni sur l'entente que nous aurons au final.»

Mais dans un courriel envoyé ensuite à La Presse Canadienne, Daly s'est montré plus incisif, qualifiant cette démarche des joueurs de «farce».

À quatre jours du jour J, le ton est donné. Josh Gorges avance même que les joueurs du CH, advenant une victoire dans ce dossier devant la Commission, pourraient être payés lors d'un éventuel lock-out. «Mais ce n'est pas le but premier, a-t-il tenu à préciser. On a choisi cette option afin de mettre de la pression sur les propriétaires, pour qu'ils concluent une entente avec nous. Le lock-out devrait être la dernière option, non pas la première.»

Un bon débat

Dominic Roux, professeur à la Faculté de droit de l'Université Laval, estime que cette stratégie du syndicat est intéressante. «Ça l'est au premier coup d'oeil, a-t-il fait valoir hier en entrevue téléphonique. J'ai été un peu étonné sur le coup en voyant ce qu'ils veulent faire, mais l'argument mérite d'être étudié et mérite peut-être d'être plaidé. La CRT pourrait décréter qu'un lock-out est un geste illégal de la part de la LNH. De son côté, la Ligue nationale peut plaider que dans ce cas-ci, le Code du travail ne s'applique pas. C'est un bon débat... Il faut voir si dans ce cas, le Code du travail s'applique oui ou non. En raison de ce marché-là et de ses particularités, c'est assez difficile d'y appliquer les lois du Code du travail. Mais la cause des joueurs se plaide, ce n'est pas du tout loufoque.»

Le syndicat entend aussi se tourner vers la Commission des relations de travail de l'Alberta aujourd'hui, et il n'est pas impossible que l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique soient aussi visés par cette démarche.

En attendant, une importante rencontre des gouverneurs du circuit est prévue pour jeudi à New York. Les joueurs, eux, doivent se rencontrer à deux reprises, demain et jeudi, aussi à New York. Plus de 200 patineurs de la ligue y seront.

Aucune autre rencontre n'est prévue pour l'instant entre les propriétaires du circuit et le syndicat des joueurs.