Les performances jamais vues des Kings électrisent les fans de hockey de la deuxième ville en importance aux États-Unis. Mais le hockey doit encore laisser la place au bingo, a constaté notre correspondant.

Il a déjà été possible d'acheter des billets pour un match des Kings 5 minutes avant la partie.

Ce n'est plus le cas.

Depuis deux ans, la totalité des 18 402 sièges du Staples Center est occupée par des fans bruyants quand les Kings sont sur la glace. Cette année, l'explosion de l'équipe en séries éliminatoires a même provoqué une petite révolution à L.A.: désormais, le hockey est devenu un sujet de conversation.

«Durant les dernières parties, on a connu une ambiance électrique, explique Anze Kopitar, joueur de centre et l'un des piliers des Kings, qui a récolté des points dans six des sept derniers matchs. C'est vraiment agréable de jouer dans des circonstances comme celles-là. Nous devons continuer.»

Avec une fiche de 11 victoires et 2 défaites depuis le début des séries éliminatoires, les Kings sont devenus difficiles à ignorer dans la ville des Dodgers et des Lakers. Devant le Staples Center, dimanche, avant le quatrième match contre Phoenix, l'énergie des milliers d'admirateurs des Kings n'avait rien à envier à celle des partisans des Lakers, qui partagent le même amphithéâtre.

Mark Pimentel, un fan de longue date des Kings, appréciait le spectacle. Né en Californie, il dit être tombé dans la marmite du hockey avec la venue de Wayne Gretzky à L.A., en 1988.

«Quand Gretzky est arrivé, les gens n'en revenaient pas, dit-il. Nous avions le meilleur joueur de la ligue dans notre ville! Tout le monde voulait aller le voir jouer.»

Dans les gradins bondés, des vedettes comme Tom Hanks, Tom Cruise et Nicole Kidman venaient voir le «Michael Jordan du hockey» compter but après but. «C'était magique», se rappelle M. Pimentel.

Il dit avoir appuyé les Kings même après les années Gretzky, quand l'équipe ne faisait plus autant rêver. Et il n'était pas le seul.

«Le Staples Center n'était peut-être pas plein, mais il y avait souvent 15 000, 16 000 personnes. C'est l'une des particularités de L.A.: si vous êtes un fan de hockey en Californie, vous êtes vraiment passionné.»

Nouveaux fans

Cette année, les célébrités sont de retour. Will Ferrell a été aperçu durant les matchs des Kings, de même de Jon Hamm et Rachel McAdams. Dimanche, la caméra du Staples Center a su trouver David Beckham et ses enfants, provoquant les applaudissements de la foule.

Est-ce à dire que L.A. est devenue une ville de hockey? Interrogé par La Presse après l'entraînement de samedi, à El Segundo, le coach Darryl Sutter a haussé des épaules et gardé les pieds sur terre. «Moi, j'habite à Manhattan Beach et je ne passe pas beaucoup de temps à L.A.... Honnêtement, je n'y pense pas. Nous avons une bonne équipe, les fans sont au rendez-vous. C'est ce qui compte.»

Parlez avec les fans des Kings, toutefois, et ils vous répondront que l'attention médiatique actuelle est un peu surréelle.

Photo: Reuters

David Beckham et ses fils.

Oden Roberts, un scénariste qui a passé toute sa vie à Los Angeles, sait que le hockey commence à captiver l'intérêt de la population quand ses amis et ses collègues se mettent à lui parler des Kings.

«Je reçois des textos, des courriels et des messages Facebook de mes amis qui savent que j'aime le hockey, dit-il. Des fois, les gens sont surpris d'apprendre que nous avons une équipe de hockey! Je leur réponds: "Oui, ça fait 45 ans qu'ils sont ici!"»

M. Roberts était accoudé au bar Good, sur Sunset Boulevard, jeudi dernier, pour suivre le troisième match contre les Coyotes. À L.A. comme ailleurs, dit-il, les gens deviennent curieux quand une équipe gagne.

«C'est comme un bon film. Si tout le monde parle d'un film et qu'il remporte prix après prix, tu vas avoir envie d'aller le voir.»

Le statut d'équipe du tonnerre des Kings semble encore trop récent pour avoir complètement pénétré la psyché collective. Jeudi, au bar Good, les employés ont coupé le son du match des Kings durant la deuxième période pour faire place à la soirée bingo, organisée chaque jeudi dans l'établissement branché, rempli à craquer.

«Tu vois ce que je disais? laisse tomber M. Roberts. S'ils avaient fait ça durant une partie de finale des Lakers ou des Dodgers, il y aurait eu une émeute dans le bar.»

Le scénariste s'est commandé une autre bière et a continué à regarder gagner les Kings, sans son.

Photo: AP

L'acteur Cuba Gooding Jr.