Les performances des gardiens ce printemps donneront-elles la frousse aux recruteurs tentés d'en repêcher un en première ronde?

Le débat fait rage depuis plusieurs années, mais une tendance claire ne s'est jamais développée.

Parmi les sept encore à l'oeuvre lors des séries éliminatoires, un seul, Martin Brodeur, a été repêché en première ronde... en 1990!

Henrik Lundqvist, des Rangers de New York, est un choix de septième ronde en 2000; Mike Smith, des Coyotes de Phoenix, a été repêché en cinquième ronde en 2001; Pekka Rinne, des Predators de Nashville, a été choisi en huitième ronde en 2004; Jonathan Quick, des Kings de Los Angeles, en troisième ronde en 2005; Braden Holtby, des Capitals de Washington, a été choisi en quatrième ronde en 2008 tandis qu'Ilya Bryzgalov, des Flyers de Philadelphie, a été repêché en deuxième ronde en 2000.

Faut-il pour autant en tirer des conclusions? Il y a un an, Roberto Luongo, quatrième au total en 1997, atteignait la finale. Son auxiliaire, Cory Schneider, est un choix de première ronde lui aussi, en 2004.

Que dire de Marc-André Fleury, des Penguins, qui a récemment participé à deux finales consécutives, dont une Coupe Stanley? Cam Ward est un autre choix de première ronde à avoir soulevé la Coupe depuis le lock-out.

«L'histoire récente nous a appris que les succès des équipes en séries éliminatoires influencent les directeurs généraux dans leur travail en prévision de la saison suivante, confie un dirigeant d'un club de la LNH. Je ne serais pas surpris de voir les jeunes gardiens être repêchés plus tard encore cette année. D'autant plus que ce n'est pas une grande année pour les gardiens. Aucun n'a le pouvoir de gagner des matchs à lui seul. Peut-être (Andrei) Vasilevski, mais il y a le facteur russe et il pourrait toujours menacer de bouder la Ligue nationale au profit de la KHL.»

Risque plus élevé

Le magazine Hockey News affirme que des 60 gardiens repêchés en première ronde au fil de l'histoire, seulement 30 ont joué un minimum de 200 matchs dans la LNH. Mais ils n'ont évidemment pas tous connu une carrière spectaculaire, qu'on songe à Dan Cloutier, Brian Boucher ou encore Al Montoya.

Mais ne peut-on pas en dire autant des attaquants et des défenseurs? Le taux de réussite n'est-il pas d'environ 50% également dans leur cas?

«Le facteur de risque est plus élevé avec un gardien parce que le défenseur ou l'attaquant qui n'aura pas évolué au rythme espéré peut toujours se trouver un rôle au sein de l'équipe, au sein d'un trio moins fort ou d'une dernière paire de défenseurs, tandis que le gardien qui ne livre pas la marchandise est plus difficile à vendre à nos patrons», ajoute notre interlocuteur.

Faut-il systématiquement éviter les gardiens en première ronde pour autant et espérer trouver la perle rare dans les dernières rondes?

Quelques exemples

Prenons quelques exemples bien précis. Si, en 2005, le Canadien avait hésité entre Carey Price, Gilbert Brule et Brian Lee, il aura fait le choix le plus judicieux.

Les Hurricanes ont opté pour Cam Ward au 25e rang en 2002. Immédiatement après lui, les Stars de Dallas ont choisi Martin Wagner et les Sharks de San Jose Mike Morris. Ni Wagner, ni Morris n'ont disputé un seul match dans la LNH. Fallait-il les choisir plutôt que Ward parce que celui-ci porte des jambières?

En 2003, Marc-André Fleury (1er) n'était probablement pas un meilleur choix qu'Eric Staal (2e), mais pire que Nathan Horton (3e) et Nikolai Zherdev (5e)?

Puisque le cas de Price doit probablement en intéresser plus d'un ici, un informateur bien au fait du dossier a confirmé ces derniers jours qu'au final, le choix s'est fait entre le défenseur Marc Staal, repêché quelques rangs plus loin par les Rangers de New York, et le gardien de la Colombie-Britannique...

Photo: Reuters

Martin Brodeur, des Devils du New Jersey, est le seul gardien toujours actif en séries à avoir été repêché en première ronde.