Sidney Crosby et Evgeni Malkin ont passé le printemps dernier à regarder leurs coéquipiers chez les Penguins de Pittsburgh tenter de poursuivre leur chemin sans leurs vedettes blessées, un fardeau qui est devenu trop lourd au cours d'une série perdue en sept matchs au premier tour aux mains du Lightning de Tampa Bay.

Un an plus tard, les deux attaquants se souviennent très bien de cette sensation d'impuissance.

Crosby et Malkin n'ont pas oublié la longue descente dans l'ascenseur, depuis la galerie de presse jusqu'au vestiaire silencieux, à la suite d'une défaite de 1-0 dans le septième affrontement. C'est un peu pourquoi Crosby n'a jamais songé une seconde à abandonner, cet hiver, en dépit d'une bataille de 15 mois avec les affres d'une commotion cérébrale. Et que Malkin, lui, est peut-être devenu le meilleur joueur au monde malgré un genou complètement reconstruit.

Et c'est également pourquoi aucun des deux ne cherchera à s'engager dans une guerre de mots avec leurs rivaux de Philadelphie dans les heures menant au duel de premier tour contre les Flyers. La série commence mercredi.

L'identité de l'adversaire importe peu pour ces deux joueurs habitués à écrire les mots «séries éliminatoires» à l'encre sur leur calendrier chaque saison, et non à la mine.

«Je crois, plus qu'autre chose, que tu apprécies le fait d'être dans les séries encore plus, a dit Crosby. Ce n'est pas quelque chose d'automatique.»

Tout comme ce n'est pas automatique que l'équipe la plus efficace de la LNH, par le temps qui court, franchisse le premier tour.

Les Penguins amorceront les séries forts du meilleur dossier dans la ligue depuis le 1er janvier, et du désir d'ajouter à la coupe Stanley qu'ils ont remportée en 2009. Ils sont en santé. Ils sont en pleine ascension. Et pas question de prendre les choses à la légère.

Surtout qu'ils ont de bonnes raisons d'être sur leurs gardes.

Les Flyers ont remporté quatre des six affrontements entre les deux équipes cette saison et ils ont un dossier de 5-1 à Consol Energy Center depuis l'ouverture de l'aréna des Penguins en 2010.

Pas mal pour une équipe rebâtie en un clin d'oeil.

Les Flyers ont échangé les populaires vétérans Jeff Carter et Mike Richards à la suite de leur élimination aux mains des Bruins de Boston au deuxième tour, l'an dernier. Ça n'a pas brisé leur rythme.

Les nouveaux venus Brayden Schenn et Jakub Voracek sont vite devenus des joueurs importants. Jaromir Jagr a montré qu'il avait encore du bon hockey en lui à 40 ans, après avoir disputé trois saisons en Russie. Le gardien Ilya Bryzgalov a signé un contrat de neuf ans d'une valeur de 51 millions $ US pour donner enfin de la stabilité aux Flyers devant le filet, malgré un début de saison chancelant.

«Ils ont un style similaire, ils ont de la profondeur, a noté Crosby. Je ne vois pas beaucoup de différences.»

Au niveau de l'attitude, notamment.

Les joueurs changent, mais la mentalité ne change pas à Philadelphie. Les Flyers sont encore combatifs, sur la glace et devant un micro.

L'entraîneur des Flyers Peter Laviolette n'a pas hésité à qualifier son homologue des Penguins Dan Bylsma de «lâche» parce qu'il a envoyé un trio de plombiers sur la glace vers la fin d'un match remporté 6-4 par les Flyers, le 1er avril. Cette décision a mené à une échauffourée à la suite de la mise en échec de Joe Vitale - dure, mais légale - aux dépens de Daniel Brière. Laviolette a piqué une telle colère qu'il a brisé un bâton de hockey sur la bande et a commencé à échanger des insultes avec l'entraîneur adjoint des Penguins Tony Granato.

Et voilà qu'il y a l'attaquant des Flyers Scott Hartnell, qui savoure le rôle de vilain comme pas un dans la ligue. Il a ouvertement reconnu qu'il désirait saisir toute opportunité de frapper Malkin, Crosby et le défenseur Kristopher Letang au visage, en plus de prédire que la série se transformera en «bain de sang».

«Ce sera une série robuste, a affirmé l'attaquant des Flyers Claude Giroux. Ce ne sera pas facile. Ils veulent gagner à tout prix, comme nous. On a une jeune équipe qui a beaucoup d'énergie et il faudra s'assurer de travailler plus fort que les Penguins. Ça va être dur.»