Josh Gorges venait de se joindre au Canadien, vers la fin de la saison 2006-07, et n'avait joué que 22 matchs avec sa nouvelle équipe lorsqu'il l'a vue être exclue des séries éliminatoires au dernier match du calendrier.

Cinq ans plus tard, voilà le Tricolore à nouveau écarté du portrait des séries. Sauf qu'il reste encore six insignifiantes rencontres à disputer.

«Ça m'a frappé quand je suis rentré à la maison, hier soir, et que j'ai ouvert la télé à une chaîne sportive, a raconté Gorges. Ils ont montré le classement et le nom de notre équipe apparaissait en gris.

«De savoir qu'il reste encore des matchs à jouer et que nous n'avons plus aucune chance, c'est dur à avaler.»

Le Canadien avait congé dimanche, mais Gorges, de même que Carey Price et Travis Moen, était de passage au Centre Pierre-Charbonneau à l'occasion d'une séance d'autographes.

Même si l'équipe venait d'être officiellement éliminée, la veille à Philadelphie, plusieurs centaines de partisans ont fait la file afin d'obtenir une signature ou une photo.

«Les gens qui se déplacent pour vous rencontrer seuls à seuls disent généralement des choses positives, a expliqué Gorges.

«Cette ville aime son équipe et va rester derrière elle peu importe ce qui se passe. Les amateurs sont évidemment déçus - comme nous le sommes aussi - car ils veulent nous voir gagner. Mais ils sont là quoi qu'il advienne et c'est la marque de vrais partisans.»

Jeu forcé et frustration

Samedi soir, c'est l'infériorité numérique du Canadien - jusque-là la meilleure du circuit - qui a débranché l'équipe du respirateur artificiel en accordant trois buts aux Flyers, ce qu'elle n'avait pas fait de la saison.

Le CH a fini par s'incliner 4-1 au cours d'une soirée où rien n'allait en sa faveur.

«Nous n'avons pas joué un match intelligent compte tenu du fait qu'on jouait deux matchs en deux soirs et qu'on était à l'étranger, a précisé Gorges. Il aurait fallu qu'on simplifie notre exécution. Or, nous avons trop essayé de forcer le jeu.

«Ce qu'on essayait ne fonctionnait pas et ne fonctionnerait pas contre la majorité des équipes. C'est la raison pour laquelle la frustration à finir par avoir le dessus chez plusieurs.»

On peut peut-être inclure Gorges dans ce groupe après qu'il eut laissé tomber les gants devant le grand Pavel Kubina en début de troisième période.

«Je lui concède 50 ou 60 livres, donc ce n'était peut-être pas le meilleur adversaire que je pouvais choisir, a admis le défenseur de 27 ans. Il y avait un peu de frustration, mais il était dans ma face et c'était hors de question que je recule.»

En revanche, en bloquant six lancers des Flyers, samedi, Gorges a éclipsé la marque d'équipe de 227 tirs bloqués établie par Michael Komisarek en 2007-08. Il en compte désormais 230.

«J'y pensais l'autre jour, et cette statistique est d'une certaine façon le résultat d'avoir passé plus de temps dans notre territoire, dit-il. C'est ce qui donne l'opportunité de bloquer tous ces lancers.

«Ce n'est pas la quantité de tirs bloqués qui compte mais le moment où ils surviennent. Si je parviens à empêcher un but, je ne fais que mon travail.»

Surtout pas de lancée victorieuse!

Si le calendrier régulier se terminait aujourd'hui, le Canadien terminerait dernier de son association pour la première fois depuis la saison 1939-40 et parmi les cinq derniers de toute la ligue pour la première fois depuis l'expansion de 1967.

Finir parmi les cinq derniers, de nos jours, ça signifie toutefois d'avoir des boules dans le boulier pour l'obtention du premier choix au prochain repêchage.

C'est pourquoi une importante frange d'amateurs pense déjà aux Yakupov, Grigorenko, Forsberg et Galchenyuk.

«Quelqu'un nous a crié de ne pas nous lancer sur une séquence gagnante de façon à ce qu'on ait de bonnes chances à la loterie du repêchage, a confié Gorges au terme de la séance d'autographes.

«On a bien ri parce qu'aucun joueur ne pense de cette façon.»