La personnalité du gardien Ilya Bryzgalov, perdue dans les limbes de Phoenix, durant plusieurs années, s'est révélée au grand jour depuis son arrivée à Philadelphie.

Avec ses théories sur le cosmos qu'il exprimait librement dans la série 24/7, il est devenu du jour au lendemain une personnalité populaire.

Le hic, c'est que ses performances devant le filet ne concordaient pas au contrat de neuf ans pour 51 millions que les Flyers venaient de lui octroyer.

Dire que l'ajustement à son nouvel environnement a été difficile est pour le moins poli.

Bryzgalov disputera ce soir son premier match face au Canadien depuis le 26 octobre. Ce soir-là, au Centre Bell, il croyait avoir atteint les bas-fonds en concédant au Canadien cinq buts sur seulement 28 lancers.

Mais ça n'a fait que dégénérer par la suite.

« J'ai zéro confiance en moi en ce moment, je suis terrible et je m'excuse auprès des partisans et de mes coéquipiers », a-t-il lancé le lendemain, après une défaite de 9-8 aux mains des Jets de Winnipeg.

Entre le 17 décembre et le 8 janvier, il a maintenu une moyenne de 4,10 lors des sept matchs auxquels il a pris part.

« Grande nouvelle : je ne joue pas demain soir, a-t-il annoncé en primeur à la veille de la Classique hivernale, le 2 janvier.

« Et bonne nouvelle : nous avons une chance de gagner le match. »

Mais le gardien vedette de 31 ans, aussi perdu a-t-il pu être à ses premiers mois chez les Flyers, a retrouvé tous ses moyens. Il est le premier responsable de la fiche de 9-2-1 qu'ils se sont bâtie depuis le début du mois de mars.

« Un gardien retrouve sa confiance en pouvant bâtir sur ses succès, mais également avec l'aide de ses coéquipiers, explique l'entraîneur-chef Peter Laviolette. De sorte que les succès de Bryzgalov et notre bonne séquence sont liés l'un à l'autre.

« Il est plus concentré et ces temps-ci, et cela va de pair avec le fait qu'il parle beaucoup moins aux médias, ajoute Laviolette. La priorité est de remporter des matchs et il fait bien d'éloigner les distractions. »

Bryzgalov n'a pas accordé plus de deux buts dans un match au cours de ses 10 dernières rencontres. Durant cet intervalle, il s'est permis quatre blanchissages en l'espace de seulement cinq matchs - un record chez les Flyers.

Adaptation difficile

Maxime Talbot admet lui aussi que le réveil d'Ilya Bryzgalov fait une grosse différence dans la saison des Flyers car ils peuvent enfin compter sur le gardien qui brillait à Phoenix.

« C'est mieux qu'il ait connu ses ennuis plus tôt en saison que rendu au mois de mars ou avril, soutient l'attaquant québécois.

« Quand il est arrivé ici, il a trouvé ça difficile. Il y a beaucoup plus de pression et beaucoup plus de médias qu'à Phoenix. La position de gardien est la plus facile à blâmer.

« Les amateurs de Philadelphie peuvent être durs quand ça va mal, mais de ce temps-ci, ils crient son nom dans les estrades. »

Et Bryzgalov a fait ça comme un grand. Car la ligne bleue des Flyers, sans être mauvaise, a dû être rafistolée en cours de saison.

Affligés par la perte de Chris Pronger, tôt cette saison, puis par celle d'Andrej Meszaros, qui ratera le reste de la saison régulière, les Flyers ont acquis les vétérans Pavel Kubina et Nicklas Grossman à la date limite des transactions.

« On ne s'est pas amélioré, on a été forcés de combler des trous », précise Peter Laviolette.

De l'importance (ou pas) de finir en force

À l'instar de leur gardien, les Flyers pointent donc au bon moment. Et selon Maxime Talbot, entrer en séries éliminatoires sur une bonne erre d'aller est toujours préférable.

« En 2009, quand les Penguins ont gagné la Coupe Stanley, l'entraîneur a été congédié au mois de février et à partir de ce moment-là, on a aligné les victoires, rappelle l'ancien coéquipier de Sidney Crosby. On a pu entrer en séries avec confiance et un brin d'arrogance. »

Peter Laviolette, lui, ne souscrit pas à cette théorie.

« Il y a deux ans, nous sommes entrés en séries le tout dernier jour, au terme d'une campagne difficile, et nous avons atteint la finale, rappelle l'entraîneur. Tandis que des équipes ayant récolté 120 points ont été éliminées dès le premier tour. »

Dans l'impression de bien des gens, les Rangers de New York et les Penguins sont aujourd'hui les favoris dans l'Est. Mais alors qu'on approche les séries, les Flyers sont bien heureux de passer un peu en dessous du radar.

« C'est sûr qu'on veut des victoires d'ici la fin de la saison, mais le plus important, ce sera de sentir qu'on s'est amélioré »,  résume Claude Giroux.