La saison qui s'achève a marqué une étape dans l'éternel débat des mises en échec au niveau pee-wee. Hockey Québec a autorisé le retour de l'enseignement des contacts physiques, mais non celui des mises en échec, pourtant réclamé par plusieurs depuis des années.

Le Québec continue de faire cavalier seul en étant la seule province où les mises en échec sont interdites au niveau pee-wee élite (AA-BB-CC), au sein duquel évoluent quelque 4000 jeunes de 11 et 12 ans. Une interdiction en vigueur depuis 1988. «On observait plus de blessures graves et de fractures durant les années pee-wee, période où évoluent des jeunes en pleine croissance. C'est pour ça que la mise en échec a été interdite à cette époque», raconte Michel Fafard, responsable de la santé et de la sécurité dans les sports, pour le compte du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.

Depuis, les mises en échec sont permises à partir du niveau bantam double lettre.

Plusieurs acteurs du hockey mineur préféreraient l'implantation de la mise en échec au niveau pee-wee, convaincus que les joueurs seront par la suite mieux formés pour prévenir les commotions cérébrales et les blessures.

Compromis

Afin de calmer le jeu, Hockey Québec a consenti à encadrer les contacts physiques et à mettre en place les outils pour enseigner la mise en échec de manière uniforme. L'idée est de mieux préparer les jeunes à l'enseignement de la mise en échec, permise au niveau bantam double lettre.

Concrètement, les joueurs peuvent désormais «jouer l'homme», bloquer ou entraver avec leur corps la progression du porteur de la rondelle, mais n'ont pas le droit de le projeter dans la bande ou d'entrer en contact avec lui de manière délibérée.

Si la ligne parait mince entre les deux approches, Hockey Québec assure qu'il ne s'agit pas d'un premier pas vers le retour de la mise en échec au niveau pee-wee. «On est très à l'aise avec notre position, mais il y aura toujours deux écoles de pensée», résume le directeur général de Hockey Québec, Sylvain Lalonde.

Même si elle ne fait pas l'unanimité ici, l'initiative de Hockey Québec semble en revanche faire des petits au sud de la frontière, puisque USA Hockey vient d'interdire la mise en échec au niveau pee-wee.

Trois fois plus de blessures

Pour appuyer sa position, Hockey Québec n'a qu'à brandir de nombreuses études, qui démontrent que l'enseignement précoce des mises en échec augmente la fréquence des blessures chez les joueurs. L'une d'elles, publiée en 2011 par un groupe de chercheurs universitaires du Québec et de l'Alberta, s'attarde aux blessures subies par des groupes de joueurs pee-wee et bantam des deux provinces de 2007 à 2009.

On y apprend qu'il y a de trois à quatre fois plus de blessures et de commotions cérébrales chez les pee-wee de l'Alberta, où les mises en échec sont permises. Dans la catégorie bantam, le taux de blessures est sensiblement le même dans les deux provinces.

L'étude intitulée «Le risque de blessure associée à la mise en échec corporelle chez de jeunes joueurs de hockey sur glace» a été menée pendant les saisons 2007-2008, puis 2008-2009, auprès d'environ 70 équipes de l'Alberta et autant du Québec, grâce aux données fournies par des thérapeutes, physiothérapeutes et médecins. «Les résultats suggèrent que Hockey Canada devrait reconsidérer la politique autorisant la mise en échec corporelle chez les joueurs de catégorie pee-wee», conclut-on.

Cette étude fait écho à un article publié en juin 2011 dans le journal américain Pediatrics. Les auteurs ont comparé des blessures recensées de 1995 à 2002 en lien avec le hockey mineur de niveaux pee-wee et bantam au Québec et en Ontario. Résultat: 3006 des 4736 blessures (63%) sont survenues sur des patinoires ontariennes. La majorité de ces blessures, environ 60%, se sont produites dans des endroits où la mise en échec était autorisée.