Vendredi soir au Pacific Coliseum. Les Giants de Vancouver sont en train de perdre 6-2 et sont frustrés que les arbitres leur aient infligé dix pénalités mineures contre une seule aux Blazers de Kamloops.

À lui seul, Brendan Gallagher s'en est vu décerner trois à la suite de contacts autour du filet adverse. Rien ne fonctionne. C'est alors qu'en fin de troisième, il jette les gants devant un certain J.C. Lipon.

L'espoir du Canadien, 5'8 et 175 livres, s'était battu plus tôt cette saison avec deux joueurs de 6'4. La première fois, Gallagher avait défendu un coéquipier qui s'était fait plaquer par-derrière. La deuxième, il avait répliqué à un adversaire qui l'avait dardé.

«Je joue avec émotion et j'apprends encore à bien gérer ça», expliquera ensuite l'ailier de 19 ans.

Trois pénalités mineures, un combat, aucun point; ce n'est évidemment pas un match typique de Gallagher. Mais si l'on a appris à connaître le marqueur, celui qui a franchi le cap des 40 buts trois ans de suite dans la Ligue junior de l'Ouest, ce frustrant revers nous révèle un autre pan de sa personnalité.

«Brendan en avait assez, a dit l'entraîneur-chef Don Hay après la rencontre. Assez de se faire cingler et de se faire donner des doubles-échecs. C'est un gars émotif et fier qui trace la ligne lorsque ça suffit. Il n'est pas du genre à encaisser sans broncher.»

C'est l'une des raisons pour lesquelles les Giants, après avoir échangé leur capitaine James Henry en cours de saison, savaient vers qui se tourner pour lui trouver un successeur.

Un as de la protection de la rondelle

Le choix de cinquième ronde du Canadien en 2010 a été la sensation au camp d'entraînement, l'automne dernier. On a pu voir à l'oeuvre un marqueur instinctif qui, malgré sa petite stature, ne craint pas d'occuper le devant du filet adverse.

«C'est un compétiteur acharné qui excelle dans la protection de la rondelle, explique Don Hay. Il peut autant contrôler le disque à grande vitesse que remporter ses batailles à un contre un dans les coins de patinoire.»

Gallagher a épaté la galerie l'automne dernier, mais il était passé presque inaperçu l'année précédente, lors du camp de perfectionnement du Tricolore.

D'une année à l'autre, son coup de patin s'est drôlement amélioré.

«Brendan avait amorcé l'année précédente à 150 livres et n'avait pas beaucoup de masse musculaire à l'époque», explique son père Ian, qui est responsable du conditionnement physique chez les Giants.

«À mesure qu'il est devenu plus fort, son jeu est devenu plus puissant. Sa vitesse se développe, mais il devra continuer de travailler là-dessus.»

Gallagher ne sera sans doute pas le type de patineur explosif pouvant transporter la rondelle d'un territoire à l'autre. C'est pourquoi il devra favoriser le jeu de passe «give-and-go» avec ses compagnons de trio afin de faire avancer le disque.

«Car ses aptitudes se révèlent davantage à mesure qu'il s'approche du filet, rappelle Ian Gallagher. C'est en espace restreint qu'il devient le plus difficile à contenir.»

Un contrat, une médaille et des records

Gallagher a vécu des moments exaltants cette année.

Ça a commencé avec les matchs préparatoires disputés à Montréal qui lui ont donné un aperçu de ce qui l'attendait en matière de vitesse d'exécution.

«Lorsqu'il a été retranché par le Canadien, son but a été de décrocher un contrat professionnel, raconte son père. Mais il devait en même temps vivre le quotidien d'une équipe junior. Il fallait s'attendre à ce qu'il continue de présenter de bonnes statistiques cette saison, mais c'était aussi très important qu'il demeure dans le présent.»

Le jeune ailier droit a ensuite participé au Championnat du monde junior, une expérience positive malgré la déception d'une médaille de bronze.

«Je me suis imbibé de la pression qu'il y avait aux Mondiaux juniors, raconte le jeune homme. C'est à cela que je carbure et ça va me servir dans un environnement comme celui de Montréal.»

Et avant de partir pour les rangs professionnels, Gallagher aura abaissé des records d'équipe importants, devenant le meilleur buteur dans l'histoire des Giants ainsi que le meilleur pointeur.

Toutefois, le record d'équipe de 48 buts en une saison appartenant à Evander Kane lui échappera vraisemblablement.

«J'ai ralenti la cadence pour celui-là, admet-il. Mais je ne joue pas en fonction des records. C'est spécial d'en établir un, mais je veux surtout m'attarder à faire ce qui est nécessaire pour gagner des matchs. Ça veut dire marquer des buts, mais aussi être responsable défensivement et aider l'infériorité numérique

«Je suis prêt à tout, insiste Gallagher. Je veux vraiment gagner à ce niveau. Et si je fais les choses de la bonne façon ici, le Canadien va en prendre note.»