Chris Kunitz a franchi la ligne bleue à pleine vitesse, avec deux joueurs étoiles à ses côtés.

À la droite de Kunitz, son coéquipier avec les Penguins de Pittsburgh Evgeni Malkin lui demandait la rondelle. À la gauche de Kunitz, James Neal tentait de se démarquer afin d'obtenir une passe en retrait.

Les deux défenseurs du Lightning de Tampa Bay, voyant le meilleur pointeur de la LNH sur l'aile, ont foncé vers Malkin, laissant la voie libre pour Kunitz en direction du gardien Mathieu Garon.

Kunitz ne l'a pas pris personnel. Il aurait probablement pris la même décision s'il avait été dans les patins des défenseurs du Lightning. Il a connu une belle carrière aux côtés des meilleurs joueurs de la LNH. Il est donc habitué d'être le négligé.

Cette fois, il a fait payer Garon, en fonçant au but avant d'inscrire son 16e de la saison, ce qui aidait les Penguins à venir de l'arrière pour finalement gagner 4-2.

«Geno voulait la rondelle et ils se sont déplacés vers lui, j'ai simplement coupé au milieu», a expliqué calmement Kunitz.

C'est toujours un peu comme ça pour lui. Même s'il connaît peut-être la meilleure saison de sa carrière respectable, il est habitué de ne pas attirer l'attention. Vous ne faites pas votre place dans la LNH en tant que joueur autonome comme Kunitz l'a fait en 2003 sans être un peu plus humble que la moyenne.

Huit saisons et deux titres de la Coupe Stanley plus tard, Kunitz est toujours aussi tranquille. La vie dans l'ombre des vedettes lui convient. Il aime bien aller récupérer la rondelle dans le coin de la patinoire, si cela permet à Malkin d'opérer sa magie ou de neutraliser un défenseur et voiler la vue du gardien.

C'est ce qu'il a toujours fait, peu importe s'il joue avec Malkin, Sidney Crosby ou Teemu Selanne, avec qui il a remporté la coupe Stanley en 2007 avec les Ducks d'Anaheim. Trois joueurs dynamiques. Trois futurs membres du Temple de la renommée. Un lien en commun: Kunitz.

Le joueur âgé de 32 ans rit quand on lui demande s'il est la clé des succès de ces joueurs étoiles. Il évoluait avec Crosby au début de la saison 2010-2011 quand Crosby était sans l'ombre d'un doute le meilleur joueur du circuit Bettman.

Étrangement, Malkin est aussi extrêmement dominant quand il joue en compagnie de Kunitz.

«Je ne suis pas le gars qui va faire des jeux spectaculaires et qui va déculotter des joueurs, a noté Kunitz. Mais si je dois me présenter dans une zone où il y a beaucoup de trafic, je peux créer des problèmes.»

Les adversaires des Penguins semblent particulièrement confus depuis que Kunitz a rejoint la ligne de Malkin et Neal, après que Crosby se soit blessé en décembre, huit matchs après son retour au jeu.

Le trio a marqué 43 des 83 buts des Penguins au cours des 27 derniers matchs et l'équipe continue d'obtenir du succès malgré l'absence de Crosby. Malkin est un candidat de choix pour le titre de joueur par excellence, Neal a fracassé ses sommets personnels au chapitre des points et des buts tandis que Kunitz continue d'être l'un des joueurs les plus sous-estimés de la LNH.

Kunitz a inscrit 16 buts et 24 aides cette saison. Il pourrait bien battre sa marque personnelle de 60 points, établie en 2006-2007 avec les Ducks.

Ce n'est pas mal pour un joueur qui soutient que son habileté à bien s'entendre avec des joueurs très talentueux est due au fait qu'il est conscient de ce qu'il est et aussi de ce qu'il n'est pas.

«Je dois accepter ça et je dois m'assurer d'exploiter mes forces, a indiqué Kunitz. Neal et Malkin jouent à une vitesse impressionnante. Je crois que je fais partie de ce trio parce que je peux aider dans les endroits restreints, devant le filet et les coins de la patinoire.

«Je crois que nous avons du succès, car il y a un peu de tout dans ce trio, a-t-il poursuivi. Nous anticipons bien ce que l'un et l'autre va faire.»