David Desharnais n'aurait probablement jamais eu sa chance dans la LNH il y a 15 ans.

Vrai que l'ancien centre des Saguenéens de Chicoutimi n'a pas été repêché, mais on ne lui aurait sans doute jamais même fourni l'occasion de jouer dans la Ligue nationale.

Ses succès actuels inciteront probablement encore davantage les recruteurs à ne plus bouder des joueurs au profil semblable.

«Les grilles d'évaluation ont beaucoup changé», note Michel Boucher, embauché par le nouveau recruteur en chef du Lightning de Tampa Bay, Al Murray, anciennement de Hockey Canada.

«À la fin des années 90, la vitesse demeurait le critère le plus important, poursuit Boucher. Venait ensuite le talent, puis le gabarit.»

Desharnais n'avait ni la vitesse ni le gabarit, ce qui lui a été fatal à son année de repêchage en 2004.

Les temps ont bien changé. Neuf recruteurs sur dix vous diront aujourd'hui que l'intelligence sur la glace et le caractère constituent désormais les critères les plus importants dans l'évaluation des joueurs.

«Au cours des années, beaucoup de patineurs moyens sont devenus de bons patineurs, mentionne le directeur du personnel des joueurs des Sénateurs d'Ottawa, Pierre Dorion. Le coup de patin peut toujours s'améliorer. Le sens du jeu est difficile à inculquer. Pierre Mondou, qui a eu une grande influence sur moi à l'époque où je travaillais pour le Canadien, me disait toujours que ça prenait des joueurs qui savent jouer au hockey. La mode des gros toughs est passée. On aime des joueurs avec un bon gabarit, mais ils doivent savoir jouer.»

On évalue également la vitesse de façon différente.

«J'ai l'impression que l'intelligence fait gagner une seconde sur la patinoire, explique Michel Boucher. Wayne Gretzky avait une très grande vitesse dans sa tête. Il savait où aller et quoi faire, et il pouvait modifier ses comportements très rapidement sur la patinoire grâce à son intelligence. Ça vaut beaucoup de vitesse des jambes.»

Il peut y avoir certaines exceptions. «J'aimais beaucoup la vitesse et le talent de Taylor Hall à son année de repêchage en 2010, note Boucher. Son sens du jeu n'était pas sa première qualité. Sauf que l'assemblage de toutes ses qualités en faisait un bon joueur de la LNH. Je le préférais à Tyler Seguin, qui pourtant était plus intelligent sur la glace à mes yeux. Les qualités principales de Taylor Hall étaient trop fortes pour le faire passer deuxième. Il serait un joueur d'élite de la trempe de Sidney Crosby si son intelligence était plus développée.»