Peter Budaj ne cachait pas sa déception, à la fin du mois de janvier, après l'entraînement du Canadien, lorsqu'un journaliste s'est assis à côté de lui dans le vestiaire pour parler de soccer.

«On a fait match nul en fin de semaine contre Villareal et je pense que ça va nous coûter le titre. Malheureusement, je pense que Madrid va gagner le championnat. C'est dommage, mais c'est la vie!»

Lorsque le gardien lâche un «on», c'est habituellement pour désigner le Tricolore. Mais le second de Carey Price se réserve le droit de l'utiliser pour parler du FC Barcelone, un club qu'il vénère depuis l'enfance.

Peter Budaj est en fait un fan fini de soccer. Il s'est même fait faire un nouveau masque au début de l'année avec l'image de l'attaquant-vedette de Barcelone, Lionel Messi, sur le côté droit. Sur le gauche se trouve le personnage des Simpsons Ned Flanders. Le voisin de Marge et Homer y est vêtu d'un maillot de l'équipe slovaque de soccer.

Né en 1982 en Slovaquie, Peter Budaj a grandi dans une famille où les crampons étaient plus populaires que les patins. «Mon frère a joué au soccer à un bon niveau et mon père a presque joué pro», raconte-t-il.

Le gardien a lui aussi taquiné le ballon, mais avec moins de sérieux puisqu'il pratiquait assidûment le hockey. Il était latéral droit - «un peu la position du Brésilien Cafu» - et n'a jamais fait gardien sur une pelouse. «Je dois admettre que j'aimais bien compter des buts», lâche-t-il.

Même si le hockey était son premier sport, il est vite devenu obsédé par le soccer. Il s'est mis à écouter sur VHS de vieux matchs du Brésil. Puis il s'est épris du FC Barcelone au début des années 90, dans les belles années de Hristo Stoichkov, de Romario et de Pepe Guardiola.

C'est aujourd'hui Lionel Messi qui le fascine. «Il est un joueur incroyable, un bon travailleur qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre, dit-il.

«Un ami de Jaroslav Spacek qui joue pour le FC Plzen était en ville récemment et il a joué contre Messi en Ligue des champions, raconte le gardien. Il me disait que c'était incroyable à quel point il est supérieur: le ballon lui colle aux pieds, il court aussi vite avec le ballon que sans, il est impossible à arrêter. C'est très beau à voir.»

Un amour difficile à porter

Mais dans un vestiaire de la LNH, au royaume de la virilité et du «jeu physique», l'amour du soccer est dur à porter. Peter Budaj ne cache pas que ses coéquipiers se moquent de lui et de sa passion du sport.

«J'ai grandi avec le soccer et je sais très bien ce qu'est ce sport. Mais dans le vestiaire, les gars rient du soccer: ils disent qu'il y a peu de buts, que les gars plongent, que ce sont des feluettes et des acteurs, illustre l'Européen. Ils ont en partie raison, il y a des plongeons et le sport pourrait être plus offensif. Mais de ne voir que ça, c'est passer à côté d'un sport superbe.»

Peter Budaj, qui s'est joint au Canadien à l'été, n'est encore jamais allé voir un match de l'Impact. Mais il est bien au courant du passage de l'équipe en MLS. «C'est une bonne nouvelle pour la ville et pour les amateurs de sport», juge le gardien.

Il promet maintenant d'aller voir l'équipe montréalaise jouer l'été prochain. Il n'y croisera certainement pas Messi, mais pourra nourrir sa passion du soccer.

«J'espère que l'Impact va aller chercher un grand joueur et même sans, c'est une bonne nouvelle, tranche-t-il. Parce que c'est un sport tellement amusant à suivre.»

Photo: Robert Skinner, La Presse

Lionel Messi