Les Danois de la petite ville de Rodovre qui ont été réveillés par des cris, dans la nuit de mercredi, savent que cela venait de chez les Eller.

Pas qu'ils soient si habitués. Le héros local n'a pas souvent suscité les clameurs cette saison, pas plus que le Canadien, l'équipe pour laquelle il joue. Mais difficile de rester indifférent devant une performance de quatre buts et une mention d'aide, comme celle de Lars Eller contre les Jets de Winnipeg!

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«Mes parents m'ont dit qu'ils avaient réveillé la ville entière», a lancé Eller dont la famille - grand-mère incluse - n'a rien manqué de sa soirée magique.

«C'est vrai qu'on a fait du bruit», a admis son père, Olaf Eller, que La Presse a rejoint au Danemark.

«Ça a été excitant sur le coup, mais on se calme rapidement de façon à porter un regard plus analytique.»

Selon Olaf Eller, son fils avait disputé plusieurs matchs cette saison du niveau de celui de mercredi, mais sans nécessairement en récolter les fruits.

«Ce match-là est le fruit d'une confiance grandissante, et il a terminé ça de façon spectaculaire avec son lancer de punition, a noté Olaf Eller. C'est surtout la confiance en sa finition qui lui manquait. Mais il a eu quelques bons tirs du poignet contre Boston, puis contre Ottawa, et il était en voie de créer cette forte impression.»

De longues salutations

Au moment d'aller cueillir sa première étoile, Lars Eller a pris tout son temps pour lancer quatre rondelles dans les estrades et s'imprégner de l'ovation qu'il recevait.

«J'en ai beaucoup entendu parler ce matin, des gars comme Scott Gomez se sont bien moqués de moi, a-t-il raconté. Je réalise que je n'aurais peut-être pas dû rester sur la glace aussi longtemps, mais je vivais le moment et ce n'est pas tous les jours qu'on marque quatre buts.»

C'est bien connu, un match ne fait pas une saison. Parlez-en au très oubliable Jan Bulis, le dernier joueur du Tricolore à avoir marqué quatre buts en un match (en 2006).

Eller devra donc travailler à bâtir sa confiance à partir de ce match hors de l'ordinaire et s'assurer de ne plus tester la patience de ses entraîneurs avec des erreurs de jugement qui ont parfois coûté cher.

«J'essaie de jouer de la même façon que je le faisais sous Jacques Martin, insiste Eller. (Randy Cunneyworth) veut que je me fasse davantage confiance et que je tire plus souvent au filet. Mais surtout, il veut que j'améliore ma prise de décision dans les endroits critiques de la patinoire, entre autres à la ligne bleue. C'est vrai que j'ai fait des erreurs, mais j'estime qu'elles peuvent être corrigées facilement.»

Cunneyworth a employé la méthode forte en laissant Eller dans les gradins, le 22 décembre dernier à Winnipeg. Étrange retour des choses que le jeune ait répondu de la sorte lors du rendez-vous suivant avec les Jets.

«Je ne peux pas dire que je tenais à ce point à ce que ça se produise face aux Jets, mais je suis content d'avoir pu faire plaisir aux partisans en leur donnant un match à pointage élevé, ce qu'ils n'avaient pas vu depuis un bon bout de temps», a rétorqué Eller.

Le jeune Danois a remercié ses compagnons de trio Andrei Kostitsyn et Travis Moen, qui ont fait de l'excellent travail pour lui donner temps et espace afin de s'offrir en cible.

«On se complète bien tous les trois, on devine bien où les deux autres se trouvent et il n'y a pas beaucoup d'hésitation dans notre jeu», a noté Eller.