Guy Carbonneau peut comprendre ce que vit Randy Cunneyworth, mais il croit également que le nouvel entraîneur du Canadien de Montréal devrait apprendre à parler français aussi vite que possible.

«Il vit un rêve en ce moment en faisant ce qu'il aime derrière le banc d'une des plus belles organisations de la LNH, et il est pris dans une tempête, a mentionné Carbonneau, ancien capitaine et entraîneur du Tricolore. Il faut lui laisser une chance de montrer ce dont il est capable et de prouver qu'il a envie d'apprendre.

«Mais il n'y a aucun doute dans mon esprit par rapport au fait que l'entraîneur du Canadien de Montréal devrait parler les deux langues, du moins dans une certaine mesure.»

Originaire de Toronto, Cunneyworth, le premier entraîneur unilingue anglophone de l'équipe depuis Al McNeil en 1970-71, est plongé dans une controverse depuis qu'il a été nommé entraîneur par intérim après que Jacques Martin eut été congédié, samedi.

Cunneyworth a déclaré qu'il espérait apprendre la langue de Molière.

Plusieurs considèrent que le Canadien n'est pas seulement une équipe de hockey, mais carrément une institution qui représente le peuple canadien-français, et que son entraîneur devrait parler la même langue que la majorité de ses fans-.

La légende et ancien directeur-général du Canadien Serge Savard n'a pas hésité à montrer son désaccord quant à la nomination de Cunneyworth, en disant que l'équipe «appartient au peuple». Le propriétaire Geoff Molson a même dû émettre un communiqué qui insistait sur le fait que la décision était «temporaire», et que celui qui sera à la barre du Canadien la saison prochaine allait parler français, que ce soit Cunneyworth ou quelqu'un d'autre.

«C'est une chose de dire qu'il désire apprendre la langue, mais c'en est une autre de se décider à le faire, a ajouté Carbonneau. Le poste qu'il occupe présentement est très demandant. Tu dois préparer l'équipe, tu dois manger et dormir. Je ne sais pas quand est-ce qu'il aura le temps de prendre des cours de français, vu son horaire chargé.»

Après McNeil, Scotty Bowman, qui parlait un français approximatif, a été à la barre du Canadien pendant huit saisons, suivi d'un Bob Berry pas particulièrement bilingue, qui était en poste entre 1981 et 1984. Se sont succédés par la suite une lignée d'entraîneurs francophones, de Jacques Lemaire à Jean Perron, en passant par Pat Burns, Jacques Demers, Jacques Laperrière (pour un match), Mario Tremblay, Alain Vigneault, Michel Therrien, Claude Julien, Carbonneau et Martin, avec deux courts séjours de Bob Gainey, bilingue, derrière le banc.

La séquence a pris fin avec Cunneyworth, un entraîneur prometteur qui a été embauché à Montréal à titre d'adjoint après avoir mené les Bulldogs de Hamilton vers une brillante saison 2010-11.

L'attaquant québécois des Canucks de Vancouver Alex Burrows, dont le père est anglophone et la mère est francophone, est d'accord avec le fait qu'au Québec, l'entraîneur de l'équipe devrait parler français.

«Je comprends ce que doivent se dire les anglophones, que tout ce qui importe c'est la victoire, a dit Burrows. Mais je comprends aussi totalement les amateurs francophones.

«Il y a de grosses chances que de 80 à 90 pour cent des fans du Canadien de Montréal au Québec soient francophones, alors j'imagine qu'ils aimeraient lire les journaux et voir que l'entraîneur a répondu à quelques questions en français, afin qu'ils puissent se sentir interpellés par l'équipe qu'ils ont encouragée toute leur vie.»