L'entente survenue à l'été entre J'ai ma place et le groupe Quebecor mécontente certains détenteurs de sièges dans le futur amphithéâtre de Québec. Ceux-ci ont reçu dans les derniers jours un contrat remanié qu'ils estiment en deçà de ce qu'on leur avait laissé miroiter.

«Je ne signerai pas ce contrat-là. Probablement que je vais simplement reprendre mon argent», affirme avec dépit Daniel Bergeron, qui a payé 10 000 $ à J'ai ma place pour deux sièges.

M. Bergeron a grandi dans la vénération des Nordiques. Sa famille avait même des abonnements à l'époque. Lorsqu'il a appris l'existence de J'ai ma place et la possibilité de payer pour s'assurer l'usage de sièges dans un futur aréna, il n'a pas hésité un instant.

Il a signé un premier contrat, bien avant que ne soit ficelé le projet avec Quebecor. On lui garantissait un siège pour le hockey, mais aussi pour les spectacles et les événements spéciaux et rien ne précisait qu'il puisse perdre ce droit.

Mais lorsque Quebecor s'est entendu avec la Ville de Québec pour financer la construction d'un amphithéâtre de 18 000 sièges d'ici 2015, il a aussi fallu s'entendre avec J'ai ma place, qui agissait jusqu'alors en solitaire.

Quebecor a accepté d'honorer les contrats de J'ai ma place, mais avec certains changements. Dans l'ancien contrat, les détenteurs de droits ne pouvaient pas les perdre. Dans la nouvelle mouture, M. Bergeron doit acheter des abonnements quatre années sur cinq, sinon il perdra ses droits sur son siège pour le hockey.

«Avant, si on n'achetait pas le billet de saison, on ne perdait pas son droit acquis sur son siège, rappelle Daniel Bergeron. On pouvait le racheter l'année suivante. On pouvait décider chaque année.»

Il note que d'autres changements entre les deux contrats agissent en sa défaveur et il envisage de récupérer ses billes. «Ils changent ça et nous envoient un nouveau contrat à signer, et puis signe là! Si on ne signe pas, ils nous remboursent. Mais je ne suis pas sûr que tout le monde va lire le contrat, c'est assez aride», déplore-t-il.

À J'ai ma place, on dit que les changements entre les deux contrats ne sont pas majeurs, même si on admet que certaines modifications sont à la défaveur des détenteurs. «Ce sont des changements mineurs pour ma part, lance le président de J'ai ma place, Mario Bédard. J'ai eu trois téléphones de gens insatisfaits pour 4000 sièges vendus...»

Lorsqu'il a lancé J'ai ma place, rappelle M. Bédard, il n'avait aucune garantie que le futur gestionnaire de l'aréna accepterait de reconnaître le projet. Les négociations avec Quebecor menées l'été dernier ont toutefois abouti et le président de J'ai ma place estime que leur issue est globalement positive.

«Au début, Quebecor demandait que le détenteur d'un siège soit tenu d'acheter un billet de saison chaque année, faute de quoi il perdrait ses droits, dit-il. Nous avons réussi à négocier pour qu'il n'ait pas à l'acheter une année sur cinq.»

«C'est sûr qu'il y a un inconvénient, quelqu'un qui ne prend pas son billet de saison deux ans de suite perd son droit, convient-il. Mais mettez-vous dans la peau du gestionnaire [Quebecor, NDLR], c'est un peu normal. Quelqu'un pourrait ne pas prendre son siège pendant 15 ans puis se réveiller un beau jour et le reprendre à un abonné habitué au siège...»

Mario Bédard ne s'inquiète pas des conséquences négatives du nouveau contrat. Il a vendu les droits pour 3978 sièges et 2000 places dans les salons corporatifs. Jusqu'à maintenant, il indique que 25% des nouveaux contrats ont été signés et il s'attend à ce que plusieurs le soient dans les prochaines semaines. À terme, J'ai ma place espère vendre des droits sur 8000 sièges.

Daniel Bergeron, lui, n'en démord pas. «Je trouve ça dommage parce qu'au moment où je me suis commis en payant 10 000 $, le ciel était obscurci. Le projet était incertain, rappelle-t-il. Les gens me disaient que j'étais fou, de ne pas mettre d'argent là-dedans. Et aujourd'hui, alors que les choses évoluent positivement, tout d'un coup, les conditions changent. Je trouve ça inacceptable.»

Il a été impossible de joindre un représentant de Quebecor hier.