Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses dans l'entourage du Canadien, mais au moins, il y a celle-ci: peu à peu, Alexei Emelin est en train de se faire une place. De devenir le joueur que le CH attendait.

Non, le défenseur russe ne rayonne pas sur les feuilles de pointage - il n'a récolté qu'un tout petit point en 20 rencontres cette saison -, mais il se fait remarquer autrement. Comment? Avec des mises en échec assez solides merci, qui ébranlent souvent les adversaires qui se retrouvent sur son chemin.

Emelin a déjà 75 mises en échec au compteur depuis le début de la saison. De loin le meilleur défenseur de son club à ce niveau...

«C'est un solide joueur et un gars qui sait aussi comment frapper l'adversaire, a observé le gardien Carey Price. Je crois qu'il a déjà fait beaucoup de chemin. Il ne faut pas oublier que le jeu nord-américain, c'est quelque chose de nouveau pour lui.»

Oui, tout ça demeure un peu nouveau pour le principal intéressé. Non, Emelin ne parle toujours pas anglais. Pas assez, en tout cas, pour affronter les médias chaque jour. Mais selon ses coéquipiers, il commence à comprendre. Il commence à comprendre bien des choses, en fait.

«J'ai commencé à lui dire qu'il doit apprendre à sourire après chacune de ses mises en échec», a fait savoir P.K. Subban, qui est juste à sa droite dans le vestiaire montréalais.

Les mises en échec du joueur de 25 ans impressionnent aussi Hal Gill, son vétéran collègue qui en a pourtant vu bien d'autres. Selon Gill, il n'est pas si facile de réussir une mise en échec percutante comme le fait son jeune coéquipier.

«Dans cette ligue, pour réussir une bonne mise en échec, c'est avant tout une question de synchronisme, a expliqué Gill, après l'entraînement d'hier matin à Brossard. Parce que les adversaires savent se démarquer pour éviter un coup. Mais c'est clair qu'Alexei a compris comment atteindre un joueur, comment combler l'espace entre lui et l'adversaire.

«Pour réussir une bonne mise en échec, il faut savoir combler cet écart avec l'adversaire, et ça, il le fait très bien. Il est rapide, ses pieds bougent vite, et on réalise qu'il apprend de plus en plus vite. Pour notre équipe, je dirais que ce gars-là est une arme.»

Loin de Hamilton

Chez les joueurs en bleu, blanc et rouge, Emelin fait certes partie de ceux qui ont pris du galon depuis l'ouverture de la saison. Après tout, le joueur russe avait connu un camp d'entraînement assez ordinaire, au point où l'on se demandait si le Canadien n'allait pas lui offrir un billet d'autobus en direction de Hamilton. Au point où l'on se demandait si le principal intéressé n'allait pas finir par rentrer chez lui, comme son contrat le lui permet.

Mais aujourd'hui, ces questions-là ne sont plus qu'un lointain souvenir. Le billet pour Hamilton n'est jamais arrivé, et il n'arrivera sans doute pas non plus. Au fait, on voit mal comment le Canadien pourrait le sortir de la formation, même lorsque tous les blessés auront pris du mieux prochainement.

En attendant, Emelin gagne peu à peu la confiance de l'entraîneur Jacques Martin.

«Alex a une bonne vision du jeu, a expliqué l'entraîneur montréalais. C'est un joueur qui peut surprendre l'adversaire. C'est encourageant de constater sa progression, comme c'est encourageant aussi de constater celle de Raphael Diaz.»

Oui, Alexei Emelin a déjà fait du chemin. Ne lui reste plus qu'à apprendre à sourire après une mise en échec.