Non, ce n'était pas le scénario prévu par Saku Koivu au moment de choisir Anaheim. Quand il est arrivé ici pour la saison 2009-2010, Koivu se voyait déjà comme un membre d'un club puissant, un club qui allait certes se battre pour la Coupe Stanley au cours des prochaines années. Aucun doute possible, le futur était reluisant dans la cour des Ducks.

Mais dans cette ligue, les choses changent rapidement et Koivu est en train de s'en rendre compte. Au moment d'affronter le Canadien, hier soir à Anaheim, Koivu et les Ducks étaient pris au 14e rang de l'Association de l'Ouest. Pas le scénario prévu par un joueur qui souhaite finir sa carrière en beauté sous les palmiers.

«Ce n'est pas très plaisant ces jours-ci, a commenté le petit Finlandais avant le match contre le Canadien. C'est clair que je ne suis pas en début de carrière, c'est clair qu'il ne me reste plus beaucoup d'années au hockey, et c'est ce qui rend la situation encore plus frustrante»

À 37 ans, Koivu sera confronté à des choix déchirants au terme de la saison. Il est sans contrat pour la prochaine saison, et il devra choisir entre la retraite, un autre contrat dans la LNH, ici ou ailleurs, ou encore une fin de carrière en Europe.

Comme bien de ses collègues sur patins, Koivu est un adepte du «un jour à la fois», ce qui veut dire qu'il n'a encore rien décidé. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y pense pas non plus.

«C'est sûr que j'aimerais rester ici, et ma décision va être encore plus facile si jamais on prend part aux séries, si la direction nous montre qu'elle désire gagner. Mais c'est un peu comme à ma dernière saison avec le Canadien; il faut aussi savoir si l'équipe veut me garder. Si jamais je retourne jouer en Europe, ce ne sera pas en Finlande. Peut-être en Suisse? On verra bien.»

Et le Minnesota dans tout ça? Peut-être conclure la carrière aux côtés du petit frère Mikko dans le maillot du Wild? Quand on lui en parle, Koivu se met à rire. Ce scénario, il y a déjà songé. «Avant de choisir les Ducks, on avait eu des discussions avec le Wild. Ils m'ont fait une offre, mais je leur ai dit non merci. Parce que je ne voulais pas nuire à mon frère, je ne voulais pas prendre une place et lui enlever du temps de glace.»

Peu importe ce que l'avenir lui réserve, Koivu est heureux d'avoir choisi Anaheim. Bien sûr, il déteste les défaites et ce début de saison cauchemardesque, mais il est dans une jolie ville où les partisans sont un peu moins exigeants, où la défaite n'est pas une question de vie ou de mort. Comme dans une certaine ville du Québec, par exemple...

«C'est moins difficile de perdre dans un marché comme Anaheim. Je ne le réalisais pas avant parce que j'avais toujours joué dans la même ville. Mais c'est vraiment différent ici. Ça nous fait réaliser à quel point les fans de Montréal sont des passionnés, à quel point cette passion rend la ville de Montréal si unique au hockey. C'est une ville unique... mais pas un endroit où c'est facile.»

Non, Saku Koivu n'a pas oublié son ancienne ville et son ancien club. Même s'il a quitté depuis presque trois ans déjà, chaque fois que le calendrier de la LNH est publié à l'été, il a le même réflexe: consulter l'horaire pour connaître la date du match entre les Ducks et le Canadien.

«L'équipe a changé, et il y a plusieurs gars que je ne connais pas, a-t-il dit en terminant. Mais les gars du personnel d'équipement sont encore là, je reconnais quelques visages quand même. C'est plus dur de se tenir informé sur le Canadien quand on joue dans l'Ouest, mais j'essaie de suivre le club. La relation que j'avais avec les partisans de Montréal, c'était vraiment spécial. Chaque fois que j'y pense, je me dis que c'était quelque chose d'incroyable.»