Le même soir où les amateurs montréalais profitaient de la visite du meilleur joueur au monde, enfin remis de sa commotion cérébrale, l'attaquant le plus productif du Canadien s'est mis dans l'eau chaude en frappant un adversaire qu'il aurait pu mettre K.-O.

Max Pacioretty pourrait en effet être suspendu pour son geste à l'endroit de Kristopher Letang, en troisième période du match de samedi face aux Penguins de Pittsburgh.

L'ailier de 22 ans a un rendez-vous téléphonique, lundi, avec Brendan Shanahan. Le préfet de discipline de la LNH devra déterminer si ce coup à la tête - appliqué avec l'épaule en arrivant de côté - correspond aux critères du règlement 48 mis sur pied au cours de la dernière année.

Parmi ces critères: la tête de Letang était-elle la cible et le principal point de contact? Le défenseur des Penguins s'était-il placé en position vulnérable? La mise en échec pouvait-elle être évitée?

Après le match, un Max Pacioretty repentant a expliqué qu'il s'était retrouvé devant une décision difficile au moment d'appliquer sa mise en échec.

«Je le voyais arriver au milieu de l'enclave avec la tête baissée, et si je le laissais prendre un lancer, la rondelle aurait pu se retrouver dans notre but, a-t-il soutenu.

«Je me sens très mal pour ce qui s'est produit, mais je n'ai pas vu la reprise, donc je ne sais pas ce que la ligue en pensera.»

Letang, pour sa part, n'a pas vu le coup et tout s'est passé trop vite pour qu'il puisse se faire une idée sur son aspect illégal. Ce qu'il a su dès l'impact, et le sang sur la glace en a témoigné, c'est que son nez était fracturé.

«Mon nez était croche, il était rendu là-bas», a raconté Letang, après le match, en pointant le fond du vestiaire.



Des arguments des deux côtés


Le défenseur québécois n'a pas subi de commotion cérébrale. Tout au plus a-t-il eu le souffle coupé. Rien qui ne l'ait empêché de revenir, de façon théâtrale donner, la victoire en prolongation aux Penguins.

Son retour dans le match attirera-t-il la clémence de la ligue à l'endroit de Pacioretty?

Étant donné que la LNH punit trop souvent les conséquences du geste plutôt que sa nature, Pacioretty a des chances de s'en tirer, d'autant plus que, sur les entrefaites, le geste n'a même pas été puni par les officiels.

Shanahan pourrait par ailleurs ressortir l'argument invoqué en matchs préparatoires lorsque Chris Campoli, du Tricolore, avait été frappé violemment par Ryan Malone.

L'ailier du Lightning de Tampa Bay n'avait pas été suspendu sous prétexte, avait dit Shanahan, «qu'il s'était compromis pour frapper Campoli au moment où ce dernier se tenait encore droit et que, tout juste avant le coup, la position de la tête de Campoli avait changé de façon significative».

Mais dans ce cas-ci, si Letang a bougé la tête tout juste avant le coup de Pacioretty, c'était seulement sous l'impulsion d'une tentative de lancer la rondelle. Pas sûr que le nouveau shérif de la LNH utilisera les mêmes arguments...

Pacioretty est devenu célèbre pour avoir été la victime de Zdeno Chara, mais il n'en est pas lui-même à son premier geste répréhensible. Le 26 décembre 2010, il avait appliqué une violente charge contre la bande à Mark Eaton, des Islanders de New York. L'attaquant du Canadien s'en était tiré sans suspension.

L'histoire pourrait être différente cette fois-ci.