Un recours collectif pourrait bientôt forcer les dirigeants du hockey à revoir leurs politiques en matière de prévention des commotions cérébrales. Selon Me Amélia Salehabadi, professeure en droit du sport au niveau de la maîtrise à l'Université de Montréal, l'évolution des connaissances médicales et scientifiques a donné de nouveaux arguments aux victimes de commotions.

«Je suis convaincu que Todd Bertuzzi ne serait pas jugé de la même façon si son procès avait lieu aujourd'hui, a expliqué l'avocate, mardi, à la veille d'une conférence sur la violence dans le sport qui réunissait des spécialistes montréalais. On sait maintenant que les conséquences des commotions sont beaucoup plus graves et plus durables que ce qu'on croyait à l'époque.»

La spécialiste du droit du sport estime que c'est davantage du côté du droit civil que la situation peut évoluer. Des recours collectifs ont d'ailleurs été déposés aux États-Unis par d'anciens athlètes et leurs familles contre la NFL, la NCAA et d'autres organisations sportives.

«Je ne crois pas qu'on doive insister sur le droit criminel, a noté Me Salehabadi. Les lois existent, les articles sont clairs, il faudrait simplement les appliquer avec plus de rigueur. Cela dit, la preuve est difficile à établir en droit criminel.

«On peut toutefois sûrement utiliser le droit civil pour poursuivre les dirigeants des organisations sportives. Il ne faut toutefois pas oublier que les athlètes d'élite au niveau professionnel ne constituent qu'une toute petite minorité des sportifs.

«Je pense surtout aux jeunes athlètes qui subissent toutes sortes de pression pour performer au risque de leur santé. On sait que plusieurs jeunes sont souvent obligés à revenir au jeu trop tôt après une commotion par leurs entraîneurs. Ces derniers ont toutefois une responsabilité civile et pourraient éventuellement être poursuivis.

Me Salehabadi regrette que la Loi québécoise sur la sécurité dans les sports ne s'applique que très partiellement et souhaiterait éventuellement la création d'organismes centraux comme ceux qui supervisent la lutte antidopage.

«Les connaissances scientifiques évoluent très rapidement en ce moment et j'ai l'impression qu'on est à un tournant dans la lutte contre la violence dans le sport», a souligné l'avocate.

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Amélia Salehabadi participera ce soir à une conférence avec la sociologue du sport Suzanne Laberge et le Dr Dave Ellemberg.