Francis Bouillon a cessé de jouer au mois de janvier en raison d'une commotion cérébrale. Il a raté les 37 derniers matchs de la saison régulière, les 12 que les Predators de Nashville ont disputés en séries éliminatoires, et les 7 premiers de la présente saison.

«À un moment donné, cet été, je me suis demandé si je n'avais pas joué mon dernier match en carrière», a confié le défenseur de 36 ans, qui a finalement rejoint les Predators le 25 octobre, face aux Sharks de San Jose.

«Au début, c'est une blessure difficile à cerner, explique Bouillon. Mais quand ça devient une question de mois, on se met à paniquer. On est toujours en train de se remettre en question. Car les bonnes journées sont toujours suivies de rechutes.»

Chanceux dans sa malchance, Bouillon a été victime d'une commotion longue à soigner, mais qui n'a pas modifié son comportement outre mesure. Il y a des cas où la famille du joueur ne le reconnaît plus... «Mais c'est sûr que ça a créé des tensions à la maison parce que j'étais toujours là, alors que j'avais l'habitude de partir et de revenir de façon constante, observe Bouillon.

«Je n'étais pas tellement limité physiquement, je pouvais demeurer actif. Même si j'avais des maux de tête, je pouvais aller faire des marches sans avoir à dormir pendant trois heures en revenant.

«C'est mentalement que c'était plus difficile. J'avais juste le goût de me retrouver dans une chambre noire, d'écouter la télé et que tout le monde me laisse tranquille.»

Selon l'ancien défenseur du Canadien, l'appui de son épouse Ginette et de leurs jumeaux de 9 ans, Michaël et Anthony, a été déterminant dans sa guérison.

«La famille doit être patiente dans ce contexte-là. Si mon épouse me «donne du gaz» une journée où je ne suis pas en forme, ça devient une bombe à retardement. C'est la raison pour laquelle un bon soutien de la famille est si important.

«Les enfants me posaient des questions, ils s'informaient de mon état et me demandaient quand je recommencerais à jouer. Or, vient un moment où on ne veut plus entendre de questions. On préfère être dans notre petite bulle plutôt que d'avoir toujours des gens qui nous demandent comment on va. Ça devient agressant. Je comprenais les gens de se soucier de moi et de s'informer, mais venait un point où je ne voulais tout simplement plus en parler.»

Était-ce l'insouciance de la jeunesse qui a mis ses enfants à l'abri? Francis Bouillon, en tout cas, croit que ses garçons n'ont pas trop souffert de ses ennuis.

«C'est davantage ma femme qui trouvait ça lourd à cause de l'attitude que j'avais, admet-il. Mais je lui lève mon chapeau parce que ça a été de longs mois.»

L'entraîneur Barry Trotz se dit très heureux de pouvoir à nouveau compter sur lui. «Durant l'été, nous ne savions pas si Frankie serait de retour. Mais en fin de compte, il est peut-être revenu un peu plus tôt que ce qu'on anticipait. Il a été un élément stabilisateur, non seulement à la ligne bleue, mais aussi dans le vestiaire. «Tout le monde aime le Cube!»