Bande d'opportunistes!

Règle générale, ce n'est pas chic de se faire balancer pareille insulte. Mais les joueurs du Canadien, eux, la prendraient volontiers. Car le manque d'opportunisme a souvent miné son succès depuis le début de la saison.

Combien de fois cette année avons-nous entendu les joueurs et leur entraîneur dire qu'ils avaient dominé aux chances de marquer mais qu'ils n'avaient pas capitalisé?

Le rendement de Michael Cammalleri - qui pourrait avoir Hertel-Des Cantons dans sa cour à force d'aligner les poteaux - est le reflet de ce qui mine l'équipe.

«Ça a été un début de saison assez lent du point de vue de la production offensive, reconnaît-il. Plusieurs facteurs influencent cette production, mais je garde une confiance complète envers mon jeu. Je sais que ce n'est qu'une question de temps.»

Cammalleri dit aimer le trio qu'il forme avec David Desharnais et Erik Cole en raison du mélange des styles.

«C'est dommage que nous n'ayons pas encore produit comme nous en sommes capables, mais je pense qu'on pourrait devenir très hot

Même s'il compte sur son franc-tireur pour relancer l'attaque, Jacques Martin n'a pas de message particulier pour Cammalleri.

«Tant qu'un marqueur continue d'avoir des chances, il faut l'encourager à persister dans la même veine, mentionne l'entraîneur. Le problème se pose lorsque le joueur cesse d'avoir des opportunités. C'est là qu'il faut faire des ajustements. Mais toutes les occasions dont profite Cammalleri prouvent qu'il est à la bonne place au bon moment.»

Il faut dire que la touche finale ne s'enseigne pas à l'école et ne se corrige pas à l'entraînement.

«Si, pendant 50 matchs, je frappe 50 poteaux, je ne suis pas un marqueur de 50 buts; je suis seulement un gars qui passe proche de marquer, lance P.K. Subban. Il faut compter. Il faut finir nos jeux.»

Certains joueurs avouent avec candeur que leur touche finale laisse à désirer.

«La finition est l'élément de mon jeu que je peux le plus améliorer, estime par exemple Lars Eller. Je pense encore trop en fonction de la passe et j'aurais avantage à être un peu plus égoïste et à tenter davantage de tirs.»

L'absence d'un quart-arrière

Pour ramener la confiance au sein des marqueurs naturels de l'équipe, le Canadien devra impérativement trouver le moyen de relancer l'avantage numérique. Selon Jacques Martin, le match de mardi est celui où le Tricolore a eu le plus de chances de marquer sur le jeu de puissance. Mais ce sont les Oilers qui en ont profité!

«Les unités d'avantage numérique les plus efficaces sont celles qui se trouvent une identité et un rythme, celles où les jeux se font en fonction des forces de tous et chacun, explique Cammalleri. Or, nous n'avons pas encore établi cela cette année.

«Ce n'est un secret pour personne que nous aimerions compter sur Andrei Markov sur notre attaque à cinq. Mais nous avons aussi amplement de personnel qualifié au sein de l'équipe.»

C'est aussi ce qu'assure Jacques Martin. Ce dernier a rappelé que lors des deux saisons précédentes, le Canadien s'était tourné vers Marc-André Bergeron puis vers James Wisniewski pour combler l'absence de Markov.

«Cette année, nous avons quelques jeunes et, parmi eux, Yannick Weber fait de l'assez bon travail», estime-t-il.

On entend souvent dire que l'absence de l'un donne l'occasion à l'autre de se faire valoir. Weber croit-il avoir saisi pleinement sa chance?

«On a eu de gros matchs, Spacek et moi, contre Philadelphie et Boston, répond-t-il. Je n'ai pas eu une bonne soirée face aux Rangers, mais ce n'était qu'un match. Dans l'ensemble, je joue plus de 20 minutes par match et je crois avoir marqué des buts importants.

«Si l'on avait perdu le match face aux Flyers (NDLR. au cours duquel Weber a marqué le but égalisateur à trois secondes de la fin de la première période), je me demande bien ce qui serait arrivé.»

Confiance en Plekanec

Le Canadien n'a marqué que quatre buts en avantage numérique cette saison et deux d'entre eux sont l'oeuvre de Weber. Le Suisse dit avoir bénéficié de quelques bons corridors de tir parce que la pression adverse n'était pas sur lui.

«À l'arrivée de P.K. Subban dans la ligue, les adversaires ne connaissaient pas trop ses forces et lui laissaient prendre plusieurs tirs de la pointe, explique Weber. Maintenant, ils le neutralisent et c'est difficile pour lui de se démarquer.

«Moi, je suis encore relativement nouveau et l'adversaire ne sait pas grand-chose de moi, de sorte que j'ai quelques occasions.»

Mais n'est-ce pas là le problème? Tant que l'adversaire sera en mesure d'étouffer une menace à la pointe parce qu'il ne craint pas l'option qu'il y a à côté, le Canadien aura du mal à se sortir du pétrin.

En attendant, Jacques Martin a réitéré sa confiance en Tomas Plekanec, malgré le revirement coûteux qu'il a commis à la pointe, mardi.

«Tomas est en ce moment notre joueur qui est le plus proche d'être un quart-arrière, a plaidé l'entraîneur. En revoyant la reprise, je crois qu'il a fait le bon jeu, qu'il avait une bonne idée. Ça a seulement été une mauvaise exécution.»