Est-ce de mauvais augure qu'Andrei Markov prolonge son séjour en Floride pour une troisième semaine?

La Presse a consulté le docteur Jacques Toueg, un chirurgien spécialiste ayant opéré nombre de déchirures ligamentaires au genou, afin de mieux comprendre pourquoi le défenseur s'est éloigné de son équipe.

Selon cet orthopédiste qui a oeuvré au service de Tennis Canada, des Carabins de l'Université de Montréal et de l'Armada de Blainville-Boisbriand, certains aspects du cas appellent au calme, mais d'autres sont inquiétants.

«Un athlète opéré une première fois pour une déchirure du ligament croisé antérieur prend en moyenne six mois pour se rétablir et, dans 90% des cas, n'en gardera aucune séquelle, indique le Dr. Toueg.

«Mais s'il y a révision et qu'on doit opérer de nouveau parce que le greffon installé n'a pas tenu le coup, le taux de succès chute à 70%. C'est donc dire que trois athlètes sur 10 ne retrouvent jamais leur pleine forme.»

Est-ce que ce sera le cas de Markov?

Le Dr. Toueg rappelle que pour une seconde opération au genou, le temps de convalescence moyen grimpe à neuf mois. Il n'est donc pas si alarmant qu'après dix mois, Markov ne soit pas encore revenu au jeu.

«De plus, pendant la réadaptation, il y a toujours des périodes inflammatoires, entre autres lorsqu'on pousse la note pour voir ce que le genou peut encaisser», souligne l'orthopédiste.

Le problème, ajoute toutefois Dr. Toueg, c'est que l'inflammation persiste 10 mois après l'opération.

«Ce n'est pas normal. Si c'était mon patient, je serais inquiet. Je voudrais savoir pourquoi il y a inflammation. Est-ce que la réparation méniscale a tenu? Est-ce que le nouveau greffon tient bien? Y a-t-il eu des bris de cartilages? De l'usure, ou encore de l'arthrose? C'est tout cela que le chirurgien doit regarder.»

La Floride, c'est pas les vacances

Les gens associent la Floride aux vacances et voient d'un mauvais oeil le fait que Markov soit parti si longtemps. Mais il n'y avait pas d'alternative.

«Je ne connais pas les détails de l'intervention qu'a subie Markov, mais ça m'apparaissait nécessaire que le CH le réfère au médecin qui l'a opéré, soutient Jacques Toueg. Les causes de l'inflammation peuvent être multiples et le chirurgien est le seul à pouvoir les identifier.

«C'est là le problème de se faire opérer à l'étranger. Quand tout va bien, il n'y a pas de problème, mais quand ça va mal, ça devient plus difficile d'effectuer un suivi. L'éloignement finit par coûter cher.»

À sa troisième semaine de tests à Pensacola, il n'est pas exclu que le docteur Andrews décide - si ce n'est déjà fait - de soumettre Markov à une arthroscopie.

Selon les éléments de réponses que le chirurgien y trouverait, plus aucun scénario ne saurait être écarté. Pas même une nouvelle opération.

Longue inactivité

L'absentéisme important de Markov au cours des dernières années entre aussi en ligne de compte.

«S'il avait joué trois ou quatre ans après la première opération et qu'il avait alors subi un accident, ç'aurait été différent. Car il aurait eu le temps de reprendre son équilibre et sa force. Markov n'a pas eu cette chance-là. Au-delà de l'enflure et de la chirurgie, il n'a pas joué de façon régulière depuis trois ans et son retour est loin d'être évident.

«Mais ce qui joue en sa faveur, c'est qu'à cause de son grand talent, il aura l'occasion de se reprendre.»