Dans l'espace contigu du Metro Center de Halifax, les vestiaires du Canadien et des Bruins de Boston étaient nez à nez.

À une autre époque, compte tenu de la rivalité entre les deux équipes, une telle situation aurait pu dégénérer.

Erik Cole et Peter Budaj n'ont pas encore appris à détester les Bruins et n'ont pas hésité à aller fraterniser avec d'anciens coéquipiers ou des compatriotes.

Benoit Pouliot a lui aussi montré à quel point les temps avaient changé. Il a accueilli Andrei Kostitsyn à bras ouverts, puis Mathieu Darche, puis des employés du Canadien...

Mais autant était-il content de les retrouver, autant est-il heureux d'avoir changé d'air.

«J'étais content de quitter, a avoué Pouliot. J'ai passé deux belles années à Montréal, j'ai eu bien du fun et au plan hockey aussi ça a bien été.

«Mais de la façon dont ça s'est terminé la saison dernière, je n'avais presque pas le choix de partir.»

Le divorce s'est consommé au mois de juin lorsque le Tricolore ne lui a pas soumis d'offre qualificative. Devenu joueur autonome, Pouliot a reçu un appel qui a sonné drôle, celui des Bruins.

«Quand je suis arrivé là-bas, je me demandais vraiment comment ça allait se passer, a raconté le Franco-Ontarien. Je les haïssais tellement, je ne savais pas comment serait le contact. Mais les gars ont été impeccables et je ne peux absolument rien dire de méchant à leur sujet.»

Pouliot s'est empressé de dissiper tout malaise avec David Krejci, qui avait gardé une dent contre lui à la suite d'un combat qu'ils s'étaient livré.

«On en a jasé vite fait», a dit Pouliot avec un sourire.

Le fait d'avoir rejoint l'équipe durant l'été, et non en cours de saison, a facilité son intégration.

«Je veux faire ma place sans pour autant déranger la chimie de l'équipe», a résumé Pouliot.

Situation précaire

Pouliot est dans la mi-vingtaine, mais il en est déjà à sa troisième formation et il commence à se faire tard pour mettre à profit sur son grand talent.

Pouliot sait qu'il joue cette année sans filet de sécurité.

«Je vais bientôt avoir 25 ans et je n'ai signé que pour une seule saison, a-t-il rappelé. Mais jusqu'ici, je pense que je connais un excellent camp. Claude (Julien) me donne des conseils, me dit des petites affaires comme de soigner mes arrêts et départs et d'arrêter de faire de grands cercles quand je patine.»

Pouliot cherche sa place chez les Bruins. Mais il devra d'abord démontrer que cette place existe bel et bien.

«Il a eu sa chance ailleurs et c'est lui qui va définir ce qu'il pourra faire avec nous, a précisé l'entraîneur Claude Julien.

«Je le compare un peu à Nathan Horton. Quand Norton est arrivé avec nous, son plus gros défaut était qu'il disparaissait par moments et que ses performances étaient irrégulières. Benoit a cette tendance-là aussi.

«Or, nous sommes venus à bout de faire de Horton un joueur plus fiable et beaucoup plus régulier à compter de la deuxième moitié de saison.»

Les Bruins pourront-ils opérer le même virage avec Pouliot?