Certains joueurs partent pour ne plus jamais revenir. Brock Trotter avait pris une forme de pari, l'an dernier, en quittant l'organisation du Canadien pour aller jouer en Russie, mais il n'a pas suffisamment froissé l'équipe pour se la mettre à dos.

L'attaquant de 24 ans est rentré au bercail, cet automne, et l'état-major est prêt à lui donner une nouvelle chance.

«Je n'étais pas du tout frustré par rapport à ma saison à Hamilton; au contraire, j'avais trouvé que ça s'était très bien passé, a insisté Trotter. Mais c'était une excellente opportunité qui s'offrait à moi à Riga.

«Cette année-là m'a ramené ici et m'a placé dans une meilleure situation.»

Trotter ne croit pas avoir pris de court la direction de l'équipe en faisant faux bond aux Bulldogs.

«Entre notre élimination à Hamilton et mon départ, il s'est passé très peu de temps. Tout s'est passé vite, mais je devais prendre une décision.

«Mais quand j'ai décidé d'aller jouer outremer, j'avais déjà en tête de revenir en Amérique. J'ai tenté de devenir un meilleur joueur l'an dernier dans un calibre de jeu supérieur à celui de la Ligue américaine.

«Le Canadien semble content de me revoir ici... et je le suis aussi. Je vais faire de mon mieux pour attirer leur attention au camp.»

Une question d'argent

Jacques Martin a eu tôt fait de sortir le chat du sac en expliquant que l'argent avait été le facteur déterminant dans la décision de Trotter.

«C'est un phénomène qui se produit avec plusieurs marqueurs de la Ligue américaine, qui sont freinés par des limites salariales, a expliqué Martin. Il avait l'opportunité de faire plus d'argent dans la KHL.

«Or, il a réalisé qu'il avait encore la chance de faire carrière dans la LNH et il est revenu dans l'organisation.»

À sa seule saison avec le Dynamo de Riga, la seule formation lettone de la KHL, Trotter a récolté neuf buts et 26 points en 49 rencontres.

«Dans l'ensemble, cette expérience de vie m'a permis de mûrir en tant que joueur comme en tant qu'homme, a-t-il décrit. On vieillit vite en se retrouvant là-bas. Certains joueurs y vont avec leur famille, mais moi j'étais seul et j'ai dû m'adapter assez rapidement.»

Des yeux sur le poste de 13e attaquant?

Trotter croit surtout que son intermède dans la KHL a fait de lui un meilleur joueur. Le fait d'évoluer sur de plus grandes patinoires m'a permis de travailler sur son coup de patin et son contrôle de rondelle. Ça n'a d'ailleurs pas échappé à Jacques Martin au terme du match intra-équipe de lundi.

«Mais je n'ai sincèrement aucune idée d'où je me situe dans l'organigramme du Canadien», a ajouté Trotter, dont les droits n'ont jamais cessé d'appartenir au Canadien durant son séjour en Lettonie.

Il faudra certes que le jeune joueur de centre impressionne s'il veut mériter le poste de 13e attaquant chez le Canadien. En théorie, Aaron Palushaj et Andreas Engqvist sont devant lui, mais leur début de camp d'entraînement est extrêmement discret.

Une tragédie qui laisse sans mot

Trotter a été ébranlé par la tragédie aérienne du 7 septembre dernier qui a coûté la vie à 44 membres du Lokomotiv Yaroslavl.

«C'était l'équipe qui nous avait éliminé en séries éliminatoires et c'est la dernière ville où je sois allé avant de quitter la Lettonie, s'est rappelé. Trotter. C'est dur de s'imaginer qu'une équipe entière puisse disparaître comme ça.»

En se promenant dans le vestiaire du Canadien, on réalise que les joueurs touchés indirectement par cette tragédie sont nombreux.

«C'est dur d'en parler, a confié Tomas Plekanec. Il n'y a pas grand-chose que l'on puisse dire vraiment. C'est une tragédie. Inutile de dire à quel point il s'agissait de bons joueurs de hockey. Mais le pire est le vide que cela crée pour leurs familles et leurs enfants. Certains d'entre eux venaient à peine d'avoir un bébé.

«Je connaissais les joueurs tchèques et Josef Vasicek était probablement celui dont j'étais le plus proche. J'ai joué avec lui lors de tournois internationaux.»

Jaroslav Spacek, qu'on a retrouvé plus svelte qu'à ses dernières années, connaissait non seulement les joueurs Tchèques et Slovaques, mais aussi Alexander Karpovtsev, un ancien coéquipier chez les Blackhawks de Chicago.

«Je sais que les gars avaient l'habitude de faire des blagues au sujet des moyens de transport, a dit Spacek. Ça laisse un peu bouche-bée maintenant.»

Le jeune Alexander Avtsin a pour sa part parlé d'une «situation terrible». L'espoir de 20 ans connaissait personnellement quelques joueurs, de même que le responsable du conditionnement physique du Lokomotiv, qu'Avtsin avait connu avec le Dynamo de Moscou.