Un profond sentiment d'inquiétude et de tristesse envahit le monde du hockey depuis hier, particulièrement les durs à cuire.

«Ça doit être à cause du stress, mais j'ai mal à la tête aujourd'hui», a dit Ian Laperrière au bout du fil, hier après-midi.

L'attaquant des Flyers de Philadelphie, inactif depuis un an en raison d'une commotion cérébrale subie lorsqu'il a été atteint à un oeil par une rondelle, venait d'apprendre que le colosse Wade Belak avait mis fin à ses jours par pendaison.

Il s'agit d'un deuxième suicide en quelques semaines, après celui du robuste attaquant des Jets de Winnipeg, Rick Rypien, et d'un quatrième décès en un an au sein de la confrérie des redresseurs de torts de la LNH.

«Je ne les connaissais pas personnellement, mais ça fait mal. Et ça inquiète quand on voit ça tomber à droite et à gauche. C'est sûr qu'il doit y avoir un lien avec les commotions.

«Je ne suis pas médecin, mais je suis convaincu qu'ils ont tous le cerveau endommagé. Un gars comme Belak, s'il a une commotion, il va la cacher parce qu'il ne veut pas perdre son job. Le cas de Crosby est différent. Les Penguins vont se montrer patients.»

Laperrière a évidemment peur de ce qui l'attend.

«Je n'ai pas le cerveau d'un gars normal de 37 ans. Mais c'est un risque que j'ai pris et je l'assume. Qu'est-ce que je peux faire, il est trop tard. Je continue quand même à m'entraîner chaque jour et je n'ai pas de séquelles, sauf mon oeil qui me cause encore du souci parce que mon nerf optique est endommagé.»

L'ancien défenseur Stéphane Quintal, entre autres du Canadien, est ébranlé lui aussi.

«Je me suis déjà battu contre lui. C'était un chic type. Je crois qu'il faut se pencher sur le problème et examiner la vie de ces gars qui se battent de 20 à 30 fois par année. Je ne dis pas qu'ils en prenaient tous, mais il y a sûrement un cocktail de toutes sortes de choses, alcool, antidépresseur, antidouleur, éphédrine. Ça fait longtemps que j'en parle, les bagarres n'ont plus leur place dans le hockey.»

Avant de s'attaquer aux bagarres, Ian Laperrière estime qu'on doit se pencher sur le problème de consommation d'Oxycodone, puissant anti-inflammatoire qui a mené au décès de Derek Boogaard.

«Je ne veux pas faire de lien avec Belak car je ne sais pas s'il en prenait, mais ces pilules sont très à la mode et elles circulent trop librement. Les gars n'en prennent même pas pour soulager la douleur, mais pour les effets que ça donne. Je n'en ai jamais essayé, mais on dit que si on prend ça avec une bière, on ressent un buzz. C'est de l'héroïne en pilule et c'est rendu plus facile de s'en procurer que du hasch ou du pot. Y'en a une méchante gang là-dessus. C'est d'abord au gouvernement d'agir.»

La position de Laperrière sur les bagarres ne change pas. «Je me suis battu plus de 200 fois en carrière et les combats ne sont pas à l'origine de mes neuf commotions. Elles sont plutôt survenues après des coups de coude ou des mises en échec. David Perron, Matthew Lombardi, Crosby, [Marc] Savard ont tous des commotions et ils ne se battent pas.

«De toute façon, ajoute Laperrière, les bagarres sont en train de s'éliminer naturellement. Il n'y a plus beaucoup de policiers sur la glace. Ce sont plutôt des Shawn Thornton, qui bloquent des tirs, donnent des mises en échec et marquent à l'occasion. Ils ne nuisent pas à leur équipe.»

Lapierre n'a pas joué depuis la finale de la Coupe Stanley en 2010. Il fait toujours partie des Flyers, pour lesquels il supervise le développement des jeunes espoirs.

Quintal, 42 ans, dit ne pas avoir d'ennuis de santé en ce moment. «Je n'ai pas de symptômes, mais c'est sûr qu'on se pose des questions. L'Association des joueurs veut qu'on aille passer des tests neurologiques à Toronto, mais je ne suis pas sûr que je veux savoir que mon cerveau est endommagé...»

La LNH et l'Association des joueurs a diffusé un communiqué conjoint hier. «Même s'il s'agit de trois cas distincts, nous ne pouvons ignorer ces événements tragiques et nous entendons examiner, en détail, les facteurs qui ont pu mener à ces tragédies afin de prendre les moyens de remédier à la situation.»