En plus de contribuer à la multiplication des commotions cérébrales, les coquilles rigides des épaulettes ne protègent même pas ceux qui les portent contre les blessures.

C'est le constat émis par plusieurs, dont le médecin en chef de la LHJMQ, Sylvain Boutet, ce week-end au Centre Bell lors du Sommet québécois du hockey.

Cette fameuse coquille est probablement à l'origine de la première des deux commotions cérébrales subies par Sidney Crosby, lorsque le colosse David Steckel l'a frappé, par inadvertance ou non, lors de la Classique hivernale en janvier.

Marc Savard y a aussi goûté, gracieuseté de Matt Cooke. Et combien d'autres.

Mais pourquoi une coquille rigide sur les épaulettes si elle ne permet pas de prévenir les blessures à l'épaule?

«La coquille permet d'éviter la contusion à l'épaule, mais elle n'a pas contribué à diminuer le nombre d'entorses claviculaires ou autres blessures sérieuses à l'épaule, confie-t-il. Parce que les blessures à l'épaule surviennent lorsque le bras est en amplitude articulaire et l'épaulette est configurée de façon à donner de la souplesse au mouvement. Alors pourquoi la coquille, sinon pour servir d'arme offensive à l'endroit de l'adversaire?»

Le docteur Boutet, qui mène un travail de tous les instants dans le hockey junior pour enrayer le fléau des commotions cérébrales - il a entre autres formé une équipe de 14 neuropsychologues pour superviser les équipes et former davantage les thérapeutes sportifs affectés aux clubs de la LHJMQ -, est néanmoins encouragé par la décision de la LNH et de la LHJMQ de modifier la composition des épaulettes dès cette saison.

«Il y aura désormais une matière absorbante sur les épaulettes, un revêtement qui ressemble un peu à la matière des petits tapis de camping bleus. Ça devrait permettre d'amoindrir les chocs. C'est un pas dans la bonne direction.»

Mais le fléau ne diminuera pas tant que les dirigeants des diverses ligues de hockey ne puniront pas les coups dangereux.

«Il faut imposer des sanctions aux fautifs, les tenir responsables de leurs actes, mentionne le docteur Boutet. C'est plate, mais c'est la meilleure solution. On a vu les résultats avec le problème d'alcool au volant. Ça devrait être tolérance zéro pour les coups à la tête. Pourquoi ne pas avoir suspendu Zdeno Chara pour son coup à l'endroit de Max Pacioretty, ne serait-ce qu'un match? Pensez-vous qu'il n'y aurait pas pensé deux fois s'il se retrouvait dans une situation semblable? Croyez-vous que Patrice Cormier frapperait à nouveau Mikaël Tam comme il l'a fait s'il avait su le type de suspension qu'il recevrait?»

Pendant que la LNH commence à se pencher plus sérieusement sur le dossier des commotions cérébrales, les médecins continuent leurs recherches.

«On commence à peine à analyser le phénomène, mais ça bouge. Au plan international, nous en sommes arrivés à un premier consensus en la matière en 2001 seulement, dit-il. Nous allons tenir notre quatrième conférence mondiale là-dessus en novembre 2012. L'information circule, on trouve de nouveaux outils pour améliorer la situation. On réalise, par exemple, que le repos encadré est plus favorable que le repos complet lorsqu'un athlète souffre d'une commotion cérébrale, probablement parce qu'un certain flux sanguin dans le cerveau aide à accélérer la guérison. On développe désormais cette tendance-là. On n'en parlait pourtant pas il y a trois ans.»

Sylvain Boutet est encouragé par le Sommet québécois sur le hockey. «Il y a de bonnes discussions et déjà, des actions concrètes sont entreprises. Un dirigeant de Hockey Québec m'a abordé tantôt pour me demander de former les thérapeutes de la Ligue Midget AAA et Espoir de façon à ce qu'ils puissent mieux détecter les commotions cérébrales et prendre les mesures pour en diminuer les effets néfastes. C'est un geste direct qui découle du Sommet et ne serait-ce que pour ça, la rencontre du week-end aura été importante.»