Il y a quelques mois encore, on parlait du repêchage de 2011 comme d'une cuvée particulièrement pauvre. La valeur marchande des choix était à la baisse, car personne n'avait peur de s'en départir.

Or, la perception a quelque peu changé au sein de la confrérie des dépisteurs. Ce n'est pas devenu la manne du jour au lendemain, mais ce ne sera pas tout à fait la sécheresse.

«C'est un meilleur repêchage que ce que le monde pensait à l'origine, confirme le directeur du repêchage amateur d'une équipe. Au sommet de la pyramide, il y a quatre ou cinq joueurs vraiment bons, mais aucun d'entre eux ne se démarque vraiment. Ça dépendra de ce que les équipes veulent.

«On regarde par exemple Ryan Nugent-Hopkins, Jonathan Huberdeau et Ryan Strome: ils jouent dans trois ligues différentes et dans leurs statistiques personnelles, il n'y a qu'un point qui les sépare!»

«Même s'il n'y aura peut-être pas de vedettes à vous jeter par terre, c'est un repêchage assez solide où il est possible d'aller chercher de bons joueurs», soutient le directeur général des Panthers de la Floride, Dale Tallon, qui aura le luxe de sélectionner 3 joueurs parmi les 47 premiers.

Tallon se retrouve dans une position familière en détenant le troisième choix de ce repêchage. Dans un passé récent, il a utilisé le troisième choix universel pour sélectionner Erik Gudbranson (Floride, 2010), Jonathan Toews (Chicago, 2006) et Cam Barker (Chicago, 2004). Il s'agit là d'une position intéressante, car les Panthers, qui recherchent désespérément de l'aide au centre, seront assurés de choisir l'un de Nugent-Hopkins, Huberdeau ou Sean Couturier.

La présence du défenseur suédois Adam Larsson au milieu de ceux-ci ajoute une dose d'intrigue. S'il est un joueur qui incitera une équipe à repêcher en fonction de ses besoins, et non du meilleur joueur disponible, c'est bien Larsson.

Importante deuxième ronde

Le talent de pointe se fait quand même plus rare cette année. «Je pense que cette année en particulier, les 30 équipes voudraient repêcher parmi les 15 premières, dit un recruteur de l'Association de l'Ouest. Car par la suite, de 15 à 50, c'est grand ouvert. Les choix varieront beaucoup selon qu'une équipe aime un joueur en particulier.

«Mais vouloir améliorer son rang de 25 à 15, par exemple, ne changerait pas grand-chose.»

Étant donné que les opinions risquent de différer beaucoup d'une formation à l'autre, les jeunes que privilégient certaines équipes ont plus de chances d'être encore disponibles quand viendra leur tour de parler. On comprendra que certains puissent juger, devant une telle parité, que la deuxième ronde risque d'être très importante cette année. Or, le Canadien ne détient pour l'instant aucun choix de deuxième tour. Il en a cédé un afin de mettre la main sur Dominic Moore, en février 2010, et un autre pour faire l'acquisition de James Wisniewski, en décembre dernier.

LHJMQ

Avec deux francophones dans le top 5 et un autre Québécois ayant des chances d'être repêché au premier tour (Phillip Danault), autant la LHJMQ que Hockey Québec auront droit à un répit cette année dans le flot de critiques qui leur sont adressées.

«Pour la LHJMQ, il n'y a aucune comparaison possible avec l'an passé», soutient l'un des nombreux recruteurs à qui nous avons parlé.

«À Saint-Jean seulement, il y a sept ou huit joueurs qui pourraient être repêchés. Et au-delà des trois ou quatre qui seront choisis au premier tour, il y a des joueurs qui n'ont pas eu beaucoup de temps de glace, mais qui pourraient constituer des choix intéressants dans les rondes suivantes.»

Si le circuit Courteau peut s'attendre à être bien représenté, en fin de semaine, il n'aura quand même pas une gamme d'espoirs équivalente à celle qu'offre la Ligue de l'Ontario. Mais c'est normal.

Le programme américain, qui continue sa formidable percée, ne devrait pas faire un raz-de-marée semblable à celui de l'an dernier, mais il sera néanmoins bien présent en première ronde.

En revanche, ce sera très discret du côté de la Russie. On envisage un maximum de deux jeunes joueurs repêchés au premier tour... et ils évoluent tous deux en Ontario!

Au-delà de la démographie, un autre recruteur à qui nous avons parlé a observé une très nette tendance lors des tests combinés de la LNH, durant lesquels les meilleurs espoirs ont multiplié les entrevues avec les équipes.

«Ce qui me frappe cette année, c'est de voir la qualité des personnalités et leur façon de s'exprimer, a noté l'éclaireur. Est-ce que ça vient de leur éducation? De leur expérience de vie, de leurs parents? Ou sont-ils seulement bien préparés par leur agent?

«Je tiens compte de cela parce que je suis de ceux qui croient que les bons athlètes sont souvent de bonnes personnes. Il vient un certain point où leurs performances rejoignent leur personnalité.»