Les rumeurs ne sont plus des rumeurs. Cette fois, les rumeurs sont la réalité: le hockey de la Ligue nationale est de retour à Winnipeg.

Après des semaines et des semaines de spéculation, la LNH et le groupe True North ont enfin confirmé le déménagement des Thrashers d'Atlanta à Winnipeg, mardi, lors d'une conférence de presse télévisée à la grandeur du pays, qui avait parfois l'air d'une infopub pour une nouvelle équipe qui, selon le commissaire Gary Bettman, doit s'assurer de jouer à guichets fermés tous les soirs. Rien de moins.

«C'est bien d'être de retour à Winnipeg après toutes ces années, a commencé par dire le commissaire devant les caméras. Comme nous l'avons dit à maintes reprises, nous n'aimons pas avoir à procéder à des déménagements, mais des fois, nous n'avons simplement pas le choix.»

Cette fois, ce sont les propriétaires des Thrashers, Atlanta Spirit, qui n'avaient de toute évidence plus le choix. La transaction avec le groupe True North de Winnipeg a été conclue mercredi, pour une somme évaluée à environ 170 millions, en incluant des frais de déménagement évalués à 60 millions. Elle reste à être approuvée par les gouverneurs de la Ligue, qui auront une réunion à ce sujet le 21 juin.

Le groupe True North planchait sur ce projet depuis longtemps, «de façon discrète et très efficace», a tenu à préciser Gary Bettman. Les propriétaires de Winnipeg cherchent maintenant à vendre 13 000 abonnements de saison afin de faire leurs frais.

Bettman en a d'ailleurs profité pour lancer un message clair aux fans de Winnipeg: il ne faut pas un seul siège vide dans la place.

«Un total de 13 000 abonnements vendus serait le meilleur message à envoyer (aux gouverneurs du circuit), a ajouté le commissaire. Cela ne pourra pas très bien fonctionner si l'aréna n'affiche pas complet.»

Les gens du groupe True North en ont ensuite profité pour dévoiler la fourchette de prix. À Winnipeg, le prix moyen d'un billet sera de 82$, la troisième moyenne parmi les plus élevées chez les formations canadiennes, après Toronto et Montréal. «Ça ne marchera pas si l'aréna n'est pas plein tous les soirs», a insisté Bettman.

Le déménagement des Thrashers au Canada laisse croire que les règles du jeu ont changé au hockey, que les petits marchés canadiens comme Québec pourraient se joindre à la ligue très bientôt.

Erreur, selon le commissaire.

«Les gens ne doivent pas s'emporter, a-t-il répondu. Je deviens fâché et irritable quand je constate que les gens s'emportent. Nous croyons que cette situation s'applique uniquement à Atlanta, et nous allons continuer à résister à l'envie de déménager des équipes. Les gens ne devraient pas tirer des conclusions avec ce qui arrive ici. Ce serait une erreur de le faire.»

Surprise chez les joueurs

Les joueurs des Thrashers, eux, n'ont reçu aucun appel de la direction du club concernant le départ pour Winnipeg. L'attaquant Anthony Stewart l'a confirmé à La Presse lors d'un entretien téléphonique.

Photo: AP

Winnipeg n'avait plus d'équipe de la LNH depuis le départ des Jets pour Phoenix en 1996.

«Jusqu'à la dernière minute, les propriétaires du club ne nous ont rien dit, a-t-il expliqué. En fin de saison, lors d'une petite réunion, ils nous ont dit qu'on allait entendre des rumeurs, mais c'est tout. Comme tout le monde, j'ai su ce qui se passait en regardant la télé, en lisant les journaux et les sites d'information sur l'internet.

«Mais les propriétaires n'ont jamais appelé les joueurs. Je comprends ça, ce sont eux qui signaient les chèques, ils font ce qu'ils veulent. Moi, ça ne m'affecte pas trop, je suis un jeune joueur et je louais une maison. Mais pour les vétérans, ceux qui avaient acheté une maison, qui ont une famille, c'est différent. On ne parlait pas trop de ça dans le vestiaire, mais en même temps, on savait que ça s'en venait.»

Anthony Stewart assure qu'aucun joueur des Thrashers n'a menacé de boycotter Winnipeg, comme l'ont fait quelques membres des Coyotes de Phoenix, au moment où cette équipe était au centre des rumeurs de déménagement il n'y a pas si longtemps.

«Il faut aller où le club se trouve si on veut être payés... Ce sont les affaires, et il faut suivre. Je m'attends à ce que tous les gars soient à Winnipeg en septembre. Nous sommes des joueurs de hockey, le froid n'est pas un problème...»

Stewart n'a passé qu'une seule saison à Atlanta, la dernière, mais il n'oubliera pas les fans de l'équipe. «Je suis triste pour eux. Ils n'étaient pas si nombreux, mais ils étaient des fans de première classe.»

Par ailleurs, le groupe True North a fait savoir que le nom du club n'a toujours pas été choisi. Sam Katz, maire de Winnipeg, a déjà affirmé que l'équipe n'allait pas s'appeler les Jets.

Photo: PC

Des amateurs arborant les couleurs des anciens Jets ont célébré bruyamment au centre-ville de Winnipeg.