Bien sûr que les Bruins étaient heureux, vendredi soir à Boston. La dernière sirène avait enfin sonné. Les joueurs du Lightning de Tampa Bay, tenaces au possible, n'étaient enfin plus sur leur chemin. Au final, il y avait des casquettes et des objets jaunes sur la glace, signe de victoire chèrement acquise.

Ces Bruins étaient heureux, donc, mais avant tout, on les sentait soulagés. Comme si on venait de leur retirer un énorme poids des épaules.

«Ça fait longtemps que tout le monde nous parle de ce qui est arrivé l'an passé lors de la série contre les Flyers, quand on a échappé une avance de 3-0, a raconté un Milan Lucic souriant devant son casier. Enfin, on peut oublier tout ça! On peut oublier cette histoire de merde...»

Voilà. En battant le Lightning vendredi soir au TD Garden, en remportant ce septième match de la finale de l'Association de l'Est par la marque de 1-0, les Bruins se sont assurés de pouvoir faire une croix sur «ça». De pouvoir oublier, l'instant d'un soir, toutes les déceptions d'un passé pas si lointain.

«La dernière fois que ce club est allé en finale, c'était quoi, il y a 21 ans?, a demandé le gardien Tim Thomas, comme s'il ne savait pas déjà la réponse. Les fans le méritent, la ville le mérite.»

C'était il y a 21 ans, en effet. Les Bruins, en grande finale, avaient échappé la Coupe Stanley aux Oilers d'Edmonton. Évidemment, cela a bien peu à voir avec aujourd'hui; Tyler Séguin, le premier choix des Bruins au repêchage de 2010, n'était même pas né! Mais à Boston, les ratés du club de hockey font aussi partie de l'histoire, au même titre que les rares triomphes.

C'est peut-être pour cette raison, qui sait, mais c'était relativement tranquille aux abords du TD Garden environ une heure après le match, vendredi soir. Bien sûr, on célébrait. Bien sûr, on hurlait les slogans de la victoire. Mais on sentait une certaine retenue, un brin d'hésitation. Comme si les fidèles vêtus de noir et de jaune ne pouvaient y croire. Comme s'ils ne voulaient pas célébrer trop vite.

«Pour cette ville, ça fait tellement longtemps, a expliqué le vétéran Mark Recchi. Cette ville mérite une finale de la Coupe Stanley.»

Elle l'aura. Ça commence mercredi soir à Vancouver, et ce ne sera pas facile. Les Canucks attendent patiemment chez eux, frais et dispos, pendant que les Bruins doivent se remettre d'une éprouvante série contre Tampa Bay, sauter dans l'avion, se taper le long voyage et se présenter contre le meilleur club de la LNH.

Gros défi, dites-vous?

«Nos fans méritent ce qui nous arrive présentement, a tenu à dire l'entraîneur Claude Julien. Et j'espère qu'on pourra faire encore mieux la prochaine fois, ce qui veut dire revenir ici avec la Coupe Stanley.»

Ça, les Bruins ne l'ont pas fait une seule fois depuis 1972. Autrement dit, la disette dure depuis 39 ans. Et ça, Tim Thomas est en sûrement conscient...