Plusieurs le voyaient déjà hors de Vancouver. Pourtant, il est toujours bien en place. Roberto Luongo a tourné la page sur les contre-performances qui ont mené à son retrait de la formation avant le sixième match contre Chicago. Sa nouvelle priorité: en finir avec les Predators.

Roberto Luongo l'admet candidement: il n'a pas apprécié la décision que lui a annoncée Alain Vigneault le 23 avril dernier lorsqu'il a décidé d'offrir à Cory Schneider la chance de relancer les Canucks après deux défaites consécutives aux mains des Blackhawks de Chicago.

«Je suis un compétiteur et, comme tout compétiteur, j'ai été déçu. Mais l'équipe passe toujours en premier et j'ai compris ce que le coach voulait faire», a expliqué Luongo lors d'un entretien avec La Presse la semaine dernière à Nashville.

Luongo a souri lorsqu'on l'a mis au courant du tsunami qui a déferlé sur Montréal et le Québec après la décision de Vigneault. «À ce que je sache, je suis encore ici et j'ai bien l'intention de me rendre au bout», a lancé le gardien de Saint-Léonard lorsqu'on lui a révélé que des observateurs ont avancé que cette décision sonnerait le glas de sa carrière à Vancouver en dépit d'un contrat qui le lie aux Canucks jusqu'en 2022.

Pourrait-il reconsidérer son avenir avec les Canucks? «Je ne vois pas comment on peut penser ça. Je l'ai déjà dit, j'ai été déçu. C'était normal de l'être. J'ai accusé le coup. J'en ai parlé avec mes proches, ma famille. Mais une fois que c'est passé, c'est passé. On passe à autre chose et on joue du mieux qu'on peut. Et quand le reste de l'équipe et moi, on joue comme on est capables de jouer, on est durs à battre», a conclu le gardien.

Très bon ou très mauvais

Victime de deux mauvais matchs et de quelques buts qui l'ont fait mal paraître depuis le début des séries, Roberto Luongo affiche une moyenne de 2,35 buts accordés par match et une efficacité de 91,4%.

Des statistiques timides lorsqu'on les compare aux moyennes de 2,01 et 2,03 de Dwayne Roloson, du Lightning de Tampa Bay, et de Tim Thomas, des Bruins, qui affichent aussi des taux d'efficacité de 94,1% et 93,7%.

Mais si l'on fait exception des 10 buts accordés sur les 40 tirs lors des 2 matchs face aux Blackhawks qui ont précédé son retrait de la formation partante, Luongo flirte avec les meilleurs gardiens de la LNH encore ce printemps.

Décision nécessaire

C'est justement en raison de ces deux contre-performances qu'Alain Vigneault a pris la décision qu'il a prise. Aussi impopulaire fût-elle.

«On n'a pas pris cette décision sur un coup de tête. On en a parlé longuement avec le groupe d'entraîneurs, avec Roland (Melanson) avec Mike (Gillis, le directeur général), et si nous avons décidé de prendre cette direction, c'est que nous étions convaincus de notre coup. Roberto est l'un des meilleurs gardiens de la ligue. Mais on venait de le sortir du filet deux matchs de suite. Il fallait trouver un moyen de relancer notre club, qui n'avait pas disputé de bons matchs. Les gens voient souvent dans ces décisions un affront envers le gardien qui est visé. Ils ne voient pas l'effet d'entraînement qu'on cherche à obtenir du reste de l'équipe», a lancé Vigneault lors d'une conversation liée à cette fameuse décision qui l'a placé sous les projecteurs pendant quelques jours.

Surtout que Vigneault a caché son jeu jusqu'à la toute dernière minute.

«Vous (les journalistes) ne le saviez pas, mais nos deux gardiens et le reste de l'équipe étaient au courant. C'est tout ce qui comptait. Quand j'ai fait venir Roberto et Cory dans mon bureau pour leur dévoiler mon plan, il n'y a pas eu de crise. Roberto a compris, il a souhaité bonne chance à Cory et on est passés à autre chose. C'était une décision de hockey. Rien de plus. Il n'y avait rien à chercher en dessous de ça. C'était clair pour moi et pour les deux gardiens que peu importe l'issue du match, Roberto serait de retour lors du prochain: pour commencer une autre série ou au septième match. C'est exactement ce qui est arrivé», a conclu Vigneault.

De retour devant le filet des Canucks pour le sixième match de la série Vancouver-Nashville ce soir, Luongo tentera d'éviter de porter à 1-5 sa fiche dans les matchs au cours desquels ses adversaires font face à l'élimination ce printemps.