Lundi dernier, après deux victoires surprenantes, le Canadien, grâce à Carey Price, au système éteignoir mais efficace de Jacques Martin et peut-être aussi à cause de ces damnés fantômes qu'on n'a jamais vus, mais qui ont si souvent fait sentir leur présence, semblait en voie de hanter les Bruins de Boston une fois de plus.

Sept jours, trois matchs et deux buts en prolongation plus tard, le Canadien fait face à l'élimination.

Méchant revirement!

La première réaction serait de dire que c'est fini. Que la meilleure équipe a gagné les trois derniers matchs. Qu'elle va gagner encore demain au Centre Bell, ou mercredi, au TD Garden où sera disputé un match décisif.

Vrai que les Bruins, qui forment une meilleure équipe que le Canadien, pourraient gagner dès demain.

Mais c'est loin d'être acquis. Car c'est loin d'être fini.

Pourquoi? Parce que le Canadien méritait de gagner autant, sinon plus, que les Bruins le match marathon de samedi.

Le Canadien a multiplié les chances. Les Bruins aussi. Carey Price a multiplié les arrêts. Tim Thomas, même si ce n'était pas toujours élégant, les a multipliés lui aussi.

Qu'est-ce qui a fait la différence? L'arrêt du tonnerre de Michael Ryder aux dépens des Tomas Plekanec. L'arrêt chanceux de Zdeno Chara aux dépens de Michael Cammalleri. Un poteau en fin de troisième période frappé par Mathieu Darche. Et une pénalité mineure écopée par le Tricolore en prolongation. Une pénalité que les Bruins ont gaspillée, comme les 14 autres depuis le début de la saison. Mais une pénalité qui, selon l'histoire qui lie ses deux équipes, aurait normalement dû favoriser le Canadien qui, lui, en aurait profité.

Comme si les fantômes avaient décidé de prendre congé.

Critiqué sévèrement après les deux premiers matchs, Michael Ryder pourrait se présenter à la mairie de Boston et remporter ses élections. Oui, Ryder est sorti du carré de sable dans lequel il patinait et il joue comme il le devrait. Mais c'est à cause de son arrêt aux dépens de Plekanec que Ryder est un demi-dieu depuis samedi à Boston.

Plekanec le sait mieux que tous ceux qui le critiquent, mais pourquoi diable n'a-t-il pas mis tout son poids derrière la rondelle au lieu de laisser Ryder jouer les héros en bloquant un tir faible avec son gant?

Les Bruins n'ont pas volé la victoire samedi. Non! De fait, comme l'ont indiqué Claude Julien, Jacques Martin et les joueurs des deux équipes, ni le Canadien ni les Bruins ne méritaient de perdre samedi.

En principe.

Mais la réalité, c'est que le Canadien fera face à l'élimination dès demain.

Et c'est ici que Jacques Martin et Claude Julien entrent en scène. Car c'est dans la préparation de ce match que se décidera si le Canadien se réveillera en vacances mercredi matin, ou au Ritz à Boston pour y disputer un septième et décisif match.

Comme il l'a fait avant de débarquer à Boston pour amorcer une série que les Bruins devaient enlever facilement, Jacques Martin doit redonner confiance à son équipe. Il doit la convaincre qu'elle peut gagner. Plus encore, Martin doit requinquer ses joueurs qui ont tout donné samedi sans rien obtenir en retour.

Les victoires morales, les points offerts aux perdants, c'est bon en saison régulière. En séries, ça ne vaut rien. Rien de rien.

D'où l'importance du défi qui se dresse devant Jacques Martin et son équipe.

L'entraîneur-chef du Canadien pourra toujours se servir du retour des Flyers de Philadelphie qui ont comblé, hier, des reculs de 3-1 et 4-3 pour finalement l'emporter 5-4 en prolongation et forcer la tenue d'un septième match comme source supplémentaire de motivation.

En fait, non: ce n'est pas la motivation qui sera cruciale dans le match de demain au Centre Bell. C'est la confiance. Confiance dans le camp du Canadien qu'il est possible de battre les Bruins. Ce qu'ils ont fait le plus souvent. Confiance dans le camp des Bruins que les déboires du printemps dernier contre les Flyers ne se répéteront pas.

Jacques Martin et Claude Julien ne marqueront pas de buts demain soir. Ils n'effectueront pas d'arrêts non plus. À moins qu'ils ne réclament un temps d'arrêt! Mais celui qui sera le plus en mesure d'élever et de maintenir élevé le niveau de confiance de son équipe gagnera.