Cela s'est passé le 8 avril 1971. C'était exactement un an avant mon arrivée à La Presse. J'avais subi une légère intervention chirurgicale le matin. L'effet de l'anesthésie embrouillait mes idées, mais je voulais absolument regarder le match entre le Canadien et les Bruins à Boston.

Les Bruins, champions en titre de la coupe Stanley, avaient gagné le premier match et ils s'étaient donné une avance de 5-1 dans la deuxième rencontre. Puis, Henri Richard avait réduit l'écart à 5-2 après 40 minutes de jeu.

Mais la pente semblait impossible à remonter contre une formation qui avait accumulé 24 points de plus que le Canadien en saison régulière grâce aux Bobby Orr, Phil Esposito, Wayne Cashman, Ken Hodge, Fred Stanfield, Derek Sanderson et autres.

Je ne sais pas ce qui s'est dit à la Ligue du vieux poêle entre les périodes puisque je me suis endormi. Mais la légende veut que Jean Béliveau, le capitaine du Canadien, ait prononcé un discours mémorable à l'entracte.

Les joueurs ont sûrement été à l'écoute de leur capitaine qui avait beaucoup plus d'influence au sein de l'équipe que l'entraîneur Al MacNeil. Henri Richard avait d'ailleurs qualifié MacNeil de pire entraîneur de l'histoire du Canadien.

Toujours est-il, à toutes les fois que j'ouvrais l'oeil en troisième période, le Canadien marquait un but. J'avais l'impression de flotter dans un rêve à cause des médicaments.

5-2, 5-3, 5-4, 5-5, 6-5 et finalement 7-5!

Quelle équipe!

Béliveau, Richard, Cournoyer, Ferguson, Laperrière, Harper, J.-C. Tremblay, Lapointe, les frères Mahovlich, Lemaire, Houle, Tardif et évidemment le grand Ken Dryden.

Grâce à cette victoire à Boston, le Canadien avait pu causer la surprise des séries en éliminant les Bruins dès la ronde quart-de-finale. Il avait tout de même fallu sept matchs à cette formation qui était privée de Serge Savard, victime d'une blessure majeure en fin de saison.

Après les Bruins, le Canadien avait battu les North Stars du Minnesota en six matches avant de ramener la 17e coupe Stanley de son histoire en vertu d'une victoire en sept matchs contre les Blackhawks de Chicago.

Frank Mahovlich, acquis des Red Wings de Detroit, avait été le meilleur marqueur des séries avec une récolte de 27 points tandis que Ken Dryden avait signé les 12 victoires des siens.

Mais cette conquête n'aurait jamais été possible sans cette remontée, la plus belle de l'histoire de l'équipe, le 8 avril 1971 à Boston.