Je me souviens des partisans, inquiets, qui n'accordaient guère de chance au Canadien d'éliminer les Nordiques au premier tour, encore moins de remporter la Coupe Stanley deux mois plus tard.

Je me souviens de Jacques Demers, rieur et confiant deux jours avant le début des séries, qui déclarait: «Je sais qu'on me reproche d'avoir toujours le mot «positif» à la bouche, mais je m'en moque...»

Je me souviens de Serge Savard, détaché et heureux après trois saisons difficiles, qui veillait sur son groupe en bon père de famille.

Je me souviens de Patrick Roy, l'invincible Patrick, qui frustrait ses rivaux à coups d'arrêts magiques, de clins d'oeil et de déclarations-chocs.

Je me souviens de Carbo, le corps couvert d'ecchymoses, qui portait à un nouveau sommet l'engagement et le désintéressement sur la patinoire.

Je me souviens d'un bâton de hockey, désormais passé à l'histoire, qui ne respectait pas les dimensions réglementaires.

Je me souviens du tour du chapeau d'Éric Desjardins, un garçon talentueux et gentil, qui brisait le moral de Wayne Gretzky et de ses coéquipiers.

Je me souviens de la foule du Forum de Los Angeles, abasourdie, qui ne comprenait pas comment ses Kings pouvaient perdre trois matchs de suite en prolongation.

Je me souviens du vieux Forum, avec ses partisans survoltés, qui accueillait le dernier exploit de sa légendaire histoire.

Je me souviens du jeune Patrice Brisebois, les yeux écarquillés, qui restait debout au banc des joueurs avec deux minutes à écouler au dernier match.

Je me souviens de Denis Savard, le visage inondé de bonheur, qui brandissait la Coupe en hurlant de joie.

Je me souviens de Stephan Lebeau, dans un vestiaire en folie, qui lançait: «Je vis le plus beau moment de ma vie...»

Je me souviens de Vincent Damphousse, calme et digne au milieu des éclats de champagne, qui réalisait le rêve de sa jeunesse.

Je me souviens de Donald Dufresne, un solide et attachant gaillard, qui peinait à croire que son nom serait gravé sur la Coupe.

Je me souviens du défilé, merveilleux jour de fête, qui unissait les Montréalais de toutes origines.

Je me souviens de cette Coupe Stanley du printemps 1993, une des plus inattendues de l'histoire de l'équipe, qui constituait un exemple de solidarité.

Je me souviens de cette époque, où le Canadien était le Canadien, qui semblait vouloir durer.

Je me souviens de ces derniers jours glorieux.