Avant la quatrième confrontation de l'année entre les Bruins et le Canadien, on évoquait la question de la robustesse presque par nostalgie. Le Tricolore avait remporté les trois premiers matchs et il ne semblait nullement intimidé.

Puis vint ce match de fou à Boston - une défaite de 8-6 du Tricolore - qui a réveillé certains démons chez le Canadien et un nouvel instinct chez les Bruins.

En brutalisant le Tricolore pendant 60 minutes, les Bruins ont changé la saison de leurs rivaux... et la façon dont seraient abordés les matchs suivants entre les deux équipes.

Depuis, il est impossible d'évoquer un match Canadien-Bruins sans causer robustesse.

Les hommes de Jacques Martin ont eu beau balayer du revers de la main la thèse de l'intimidation, à la veille du dernier rendez-vous de la saison entre les deux clubs, ils ont quand même subi une correction de 7-0 le lendemain soir au TD Garden...

«Nous nous étions présentés là-bas avec la bonne attitude, mais il y a de ces matchs dans une saison où tout va mal, où les mauvais bonds se multiplient, et c'était l'un de ces matchs-là, a expliqué Lars Eller.

«À mesure que la partie avançait, c'était comme si la maison s'écroulait. Je ne m'attends pas à voir quelque chose du genre en séries.»

Certains ont évoqué le fait que le Canadien avait eu peur en se présentant à Boston ce soir-là. Si jamais c'est vrai, personne ne l'avouera. Mais le petit David Desharnais sait une chose: une équipe manquant de courage n'ira nulle part.

«Jouer en séries, c'est aller à la guerre, a-t-il dit. Si tu ne veux pas te faire mal, tu es mieux de rester dans le vestiaire.»

L'intimidation est un choix

Chaque fois qu'il est question de rififi, Travis Moen est là. Et son discours ne change pas avec l'arrivée des séries éliminatoires.

«On croit en notre équipe et au fait qu'on se serre les coudes les uns les autres», a insisté l'ailier de 29 ans, qui s'est battu huit fois cette saison.

«Il n'y a pas autant de bagarres en séries éliminatoires. On va donc se rendre là-bas, jouer le hockey dont on est capable, et on verra ce qui va se passer.»

Or, l'intimidation, c'est bien plus que les bagarres. C'est un état d'esprit qui peut battre une équipe avant même la mise en jeu initiale.

Mais c'est aussi un choix. Même plus petits et moins forts, les joueurs du Canadien peuvent décider qu'ils ne se laisseront pas impressionner.

«Nous avons un groupe de joueurs assez brillants pour négocier avec le brasse-camarade, a soutenu Jaroslav Spacek. Et si jamais les Bruins décident de jeter les gants, nous avons suffisamment de joueurs pour répliquer.»

Bon, sur ce dernier point, ça reste à voir. Spacek lui-même a démontré cette année qu'il n'était pas du genre à écrire «pugilat» parmi ses passe-temps préférés sur Facebook...

White blessé, Mara de côté

À l'entraînement de lundi, Brent Sopel s'entraînait avec Spacek sur le troisième duo de défenseurs. Cela met donc en danger la présence dans la formation de Paul Mara, un fier défenseur de ses coéquipiers depuis son retour à Montréal.

«On va avoir besoin de beaucoup de joueurs au cours de cette série, il ne faut pas tenir compte seulement du premier match», a indiqué Martin, qui assure qu'aucune décision n'a encore été prise en vue du premier match.

Puisqu'il est question de robustesse, soulignons également que Ryan White a quitté l'entraînement après avoir reçu une rondelle au visage. Le jeune attaquant est clairement en train de mettre sa «face des séries», comme le veut la campagne promotionnelle du Canadien sur son site Internet.

Il sera de retour avec ses coéquipiers mardi.

James Wisniewski, qui avait lui aussi été atteint par une rondelle - c'était en février, à Edmonton - a délaissé la grille qu'il portait depuis ce temps-là à la faveur d'une demi-visière.