Il y a quelques semaines à peine, Danny Kristo était dans une chambre d'hôpital du Dakota du Nord sans savoir s'il allait être en mesure de poursuivre sa carrière de hockeyeur.

Ce choix de deuxième ronde du Canadien en 2009 a eu une sacrée frousse après avoir souffert de sérieuses engelures lors d'une sortie un peu hasardeuse dans la neige, mais il s'en est sorti indemne et il se prépare aujourd'hui avec fébrilité pour le Frozen Four, le carré d'as des séries éliminatoires de hockey de la NCAA, présenté du 7 au 9 avril à St. Paul, au Minnesota.

Kristo sera l'un des quatre espoirs du CH à y prendre part en compagnie de son coéquipier Mike Cichy, et aussi des défenseurs des Wolverines du Michigan, Mac Bennett, repêché en troisième ronde en 2009, et Greg Pateryn, obtenu des Maple Leafs de Toronto dans l'échange de Mikhail Grabovski.

L'attaquant des Fighting Sioux avoue avoir craint pour sa carrière fin janvier.

«Les premiers jours à l'hôpital, il était question de m'amputer quelques orteils, a dit Kristo hier au bout du fil. J'ai eu la peur de ma vie. Heureusement, mon état s'est amélioré. On m'a dit qu'il était toujours possible de patiner avec des orteils en moins, mais l'ajustement aurait été très difficile parce que ça affecte tout notre équilibre.»

Kristo, 20 ans, est rassuré depuis son retour le 18 mars. Il a en effet amassé six points en quatre matchs, et a permis à son club, classé numéro un au pays, d'atteindre le carré d'as.

«Je n'avais pas la forme au début mais j'ai travaillé très fort en gymnase et sur la glace et je suis aujourd'hui de retour à mon maximum. Et je ne ressens aucune douleur. Je suis soulagé.»

Drôle de saison pour Kristo, qui a d'abord été suspendu par son club à l'automne pour consommation d'alcool (il était toujours considéré comme mineur par les lois américaines). Puis il y a eu cette inquiétante léthargie (5 points à ses 17 premiers matchs après une première année de 36 points en 41 matchs). Mais il s'est bien repris en fin de saison en totalisant 23 points à ses 16 dernières rencontres.

«Je jouais bien, mais je n'amassais pas de point. La pause de Noël a fait du bien. J'ai eu l'impression de repartir à zéro. J'ai connu deux matchs de trois points après le jour de l'An et ma confiance est revenue.»

Mac Bennett n'est pas un espoir aussi en vue que Kristo, mais il avait épaté à son premier camp de perfectionnement du Canadien il y a deux ans.

Ses débuts à Michigan ont toutefois été difficiles. L'entraîneur-chef Red Berenson l'a même laissé de côté à quelques reprises en première moitié de saison avant de lui confier un poste permanent à la défense.

Le jeune homme a amassé 6 points à ses 11 derniers matchs sans même participer aux supériorités numériques.

«Il arrivait d'un prep school et je ne savais pas trop à quoi m'attendre de lui, a expliqué Berenson hier au téléphone. Il a mis un certain temps à s'ajuster. C'est un bon défenseur offensif, mais il devait s'améliorer en zone défensive. C'est un bon élève et il s'est déjà beaucoup amélioré. Il aura un rôle encore plus important avec nous l'an prochain.»

Pendant que Bennett s'acclimatait à son nouveau milieu, Jon Merrill, une autre recrue repêchée en deuxième ronde par les Devils du New Jersey en 2010 a eu un impact immédiat.

«Il a été le meilleur de nos trois défenseurs dès le premier jour, relate Berenson. Il a connu une saison fantastique. Son style est différent de celui de Mac. Il me rappelle un peu (Nicklas) Lidstrom tellement il est efficace. Mac, de son côté, a une force d'accélération spectaculaire. On l'encourage à transporter la rondelle. Il a les outils pour réussir dans les rangs professionnels, il doit apprendre à bien les utiliser.»

Bennett a accepté son sort tant bien que mal. «Quand on arrive d'un endroit où on nous utilise à toutes les sauces et que la nouvelle équipe nous laisse de côté lors de certains matchs, c'est comme vivre un choc culturel, dit-il. Mais ce fut un mal pour un bien car je me suis concentré sur ma défense. J'espère maintenant avoir prouvé qu'on pourra m'utiliser en supériorité numérique l'an prochain.»

Bennett compte retourner à Michigan l'an prochain, puis se tenir prêt pour l'appel du Canadien lorsqu'il surviendra. Les Olympiques de Gatineau, qui l'avaient courtisé l'an dernier, sont-ils complètement écartés de ses plans pour l'an prochain? «Fort probablement», se contente-t-il de répondre.

Les Wolverines négligés

Mais pour l'instant, place au match de demi-finale entre les formations de Kristo et Bennett, jeudi soir prochain.

«Le Frozen Four, c'est comme notre Coupe Memorial, dit Kristo. C'est tout un honneur puisqu'il reste seulement 4 clubs sur environ 70. La couverture médiatique est importante et les matchs seront présentés à ESPN.»

Les Wolverines, ancien club de Mike Cammalleri, Max Pacioretty, Mike Komisarek et Jack Johnson, entre autres, sont négligés puisque leur attaque ne se compare pas à celle des Fighting Sioux.

«Il faudra freiner leur attaque, dit Red Berenson. Kristo est un sacré joueur, et il n'est pas le seul.»

Kristo dit ne pas encore avoir pris de décision pour l'an prochain, mais on pourrait fort probablement le voir à Hamilton avec les Bulldogs. Mike Cichy, un coéquipier à North Dakota, est un joueur marginal. Greg Pateryn, compagnon de Bennett, est un défenseur costaud d'abord reconnu pour ses qualités défensives.