Pour espérer connaître du succès à long terme à Québec, une équipe de la Ligue nationale de hockey devra miser davantage que sur la passion des amateurs de la région.

C'est la conclusion à laquelle on en arrive lorsqu'on prend connaissance du deuxième volet d'une étude réalisée par le Conference Board du Canada dans le cadre de la série «Jouer dans les ligues majeures: Qu'est-ce qui fait le succès des équipes de sports professionnels?»

«Certes, la passion des supporters compte pour beaucoup dans le succès des concessions de sport professionnel, mais elle ne suffit pas. Dans ce domaine, la réussite dépend aussi de l'existence de certaines conditions fondamentales sur le marché», a expliqué Mario Lefebvre, directeur du Centre des études municipales et co-auteur de cette série avec Glen Hodgson.

L'engouement pour le retour d'une équipe de la LNH à Québec ne fait aucun doute. Le 2 octobre dernier, une foule estimée à 60 000 personnes a participé à la Marche bleue sur les plaines d'Abraham pour appuyer la construction d'un amphithéâtre et le retour d'une équipe de la LNH dans la Vieille Capitale.

Et le mois dernier, le gouvernement provincial et la Ville de Québec ont annoncé qu'ils s'engageaient dans les coûts de construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec, évalué à 400 millions $.

Selon l'étude du CBC, le succès ou l'échec d'une concession de sport professionnel repose sur ces quatres conditions fondamentales: la taille démographique du marché; le niveau des revenus; une solide présence d'entreprises et l'égalité des conditions.

Pour connaître du succès à long terme, l'étude du CBC établit notamment qu'une équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH) au Canada a besoin d'un peu plus de 800 000 supporters en puissance (quatre matchs hors-concours plus 41 matchs de la saison régulière, multiplés par une moyenne de 18 000 spectateurs par rencontre).

Et comme les billets pour assister à un match de sport professionnel sont coûteux, une équipe doit pouvoir compter sur des partisans relativement bien rémunérés. Fait intéressant à ce niveau, Québec (28 159 $) et Winnipeg (29 302 $), qui cherchent à récupérer des équipes de la LNH, disposent d'un revenu disponible par habitant supérieur à celui de Montréal.

L'étude précise aussi que la présence d'entreprises constitue un facteur déterminant dans l'optique de la vente des loges corporatives. Si Toronto vient en tête de liste avec 36% des 800 sociétés les plus importantes au pays, Québec n'en compte que 17, soit seulement deux pour cent.

Finalement en ce qui a trait à l'égalité des conditions, le CBC considère deux éléments, soit le taux de change et le fardeau fiscal qui, selon les cas, peuvent désavantager les concessions canadiennes.

«Les perspectives économiques ne figurent pas au nombre des considérations fondamentales, parce qu'elles sont appelées à fluctuer dans tous les marchés», a ajouté Mario Lefebvre.

Le prochain volet de la série, dont la parution est prévue pour le début avril, utilisera les quatre conditions fondamentales énumérées dans le rapport pour expliquer les départs des Nordiques de Québec et des Jets de Winnipeg et établir si ces équipes pourraient être rentables aujourd'hui.

Dans le premier volet de cette étude le mois dernier, le CBC avait établi que les équipes canadiennes de sport professionnel totalisent des revenus de près de 1,5 milliard $ par an. Les six équipes canadiennes de la LNH à elles seules générent des revenus d'environ 750 millions $ par an pour l'économie canadienne.