En sortant un cigare d'une de ses poches et une canette de bière de l'autre, René Robert a levé les yeux vers le plafond de l'amphithéâtre pour livrer à son camarade de la «French Connection» Richard Martin un dernier message.

«Ceci est pour toi mon ami, a déclaré Robert, jeudi, alors qu'il rendait hommage à l'ancien attaquant étoile des Sabres de Buffalo. Rico avait l'habitude de dire que si on n'avait pas de plaisir, la vie ne valait pas la peine d'être vécue.

«Et la sienne, il l'a vécue pleinement.»

La vie de Martin a été célébrée lors d'une cérémonie au HSBC Arena, 11 jours après sa mort des suites d'une maladie cardiovasculaire à l'âge de 59 ans.

«Tant et aussi longtemps qu'il nous reste les souvenirs, personne ne meure vraiment», a ajouté Robert.

Gilbert Perreault, qui pilotait la célèbre «French Connection», a aussi tenu à honorer son bon ami Martin.

«Rico était un joueur de hockey flamboyant, a dit Perreault. Il amusait tout le monde sur la glace, dans le vestiaire, sur les terrains de golf et dans la vie en général. Je vais toujours me rappeler des beaux moments que j'ai passés avec lui. Et qui sait, peut-être qu'on se retrouvera un jour, dans une autre vie...»

Le trio venait à peine de se réunir, le mois dernier à Buffalo, alors qu'il s'était présenté sur la glace du HSBC Arena pour souhaiter la bienvenue au nouveau propriétaire des Sabres Terry Pegula.

Environ 3000 personnes - presque toutes vêtues du gilet numéro 7 de Martin - ont rempli six sections de l'amphithéâtre pour assister à l'hommage.

Martin est si respecté à Buffalo que la cérémonie a été retransmise en direct à la télévision et à la radio.

«Quand j'étais plus jeune, j'ai compris que je partageais mon père avec tout le monde, a mentionné Corey Martin. Ce n'est pas seulement une lourde perte pour moi ou pour ma famille, c'est aussi une perte pour tout le monde. Mon père a touché beaucoup de gens, et ça se voit.»

Âgé de 25 ans, Corey Martin a paisiblement raconté les deux heures qu'il avait passées avec son père le matin de son décès. Il a aussi rappelé comment son paternel était enjoué quand il a quitté la maison comme il le faisait à chaque dimanche, en compagnie de son chien, en route vers le marché aux puces du coin.

«Qu'il nous ait quitté de façon aussi paisible, avec son petit chien à ses côtés, c'est plus que ce qu'un fils pourrait demander, a confié Martin, la voix teintée d'émotion. C'est réconfortant de savoir qu'il est là-haut. Je t'aime papa.»