Est-ce vraiment juste pour «les deux points»?

S'agit-il vraiment d'un «match comme les autres»?

Le Canadien s'est appliqué à ignorer toute distraction, mercredi, avant de quitter pour Boston. Il s'est mis des oeillères afin de ne voir qu'un seul objectif, si bête, si simple, mais si crucial: une cinquième victoire en six matchs cette saison face à ses éternels rivaux.

«C'est un match qu'il faut gagner si on veut rattraper les Bruins au classement», a résumé Jacques Martin.

Le Tricolore se sait en terrain hostile. Il sera accueilli avec mépris. Il n'y aura pas de branche d'olivier tendue, ni aucune sympathie envers Max Pacioretty.

Le contexte actuel hausse encore l'enjeu: il y a le premier rang de la section Nord-Est toujours à la portée du Canadien, l'avantage psychologique à la veille de possibles retrouvailles en séries...

«C'est sûr que ça va être un match émotif», a convenu Mathieu Darche, qui devrait effectuer un retour dans la formation.

«Or, nous ne regardons pas les incidents qui se sont produits dans les derniers matchs. On cherche encore à rattraper les Bruins au classement et en les battant jeudi, ça pourrait faire une grosse différence.»

Autrement dit, ne comptez pas sur le Canadien pour tenter de venger Max Pacioretty d'une quelconque façon.

«Nous sommes tous heureux que Max soit en mesure de se déplacer, mais à ce temps-ci de l'année, les points sont cruciaux», a froidement noté Scott Gomez.

«C'est trop important pour que l'on se fasse prendre dans ces choses-là, a ajouté Travis Moen. L'important en ce moment est de s'assurer que l'on joue un bon jeu collectif.

«Gagne ou perd, on doit être en mesure de jouer une partie complète sans relâchement et de se donner un rythme d'ici aux séries.»

Une goutte

On a longtemps dit que la bataille du Vendredi Saint, en 1984, avait été le point culminant de la rivalité Canadien-Nordiques.

Dans le cas de la rivalité opposant le Tricolore aux Bruins de Boston, rien encore n'a culminé. L'incident Chara-Pacioretty n'est pas la goutte qui a fait déborder le vase.

Ce n'est qu'une goutte.

«Il y a déjà suffisamment d'éléments de motivation lorsqu'on affronte les Bruins, l'équipe contre laquelle on entretient la plus grosse rivalité, a soutenu Jacques Martin à propos de possibles représailles.

«Nos organisations se sont souvent retrouvées en séries et c'est ce qui a nourri cette rivalité. À partir de là, on peut toujours assister à des incidents comme ceux qui se sont produits à l'occasion cette saison.

«Mais les deux équipes sont conscientes du classement et de l'avantage de la patinoire qui est en jeu. C'est là où nous en sommes vraiment.»

La fiche donne confiance

Alors que tout le monde mettait la table à ce nouvel affrontement Canadien-Bruins, un sentiment de déjà-vu planait dans le vestiaire. Car à quelques heures du match lors duquel Pacioretty a été assommé par Zdeno Chara, le facteur intimidation dominait les conversations.

«C'est un peu la même situation qu'à la veille du précédent match, avec toute l'attention médiatique qui l'avait précédé», a constaté Ryan White, qui avait refroidi les ardeurs des Bruins, ce soir-là, en jetant les gants devant Johnny Boychuk.

«Mais nous avons des affaires à régler et nous devons nous reprendre après notre défaite face aux Sabres.»

En dépit de sa petite taille, le Canadien n'est pas complexé en s'amenant au TD Garden.

«Nous avons une fiche de 4-1 cette saison contre eux cette saison et, même lors de notre revers de 8-6, on a marqué quatre buts en avantage numérique, a rappelé Darche. Si l'on avait le moindrement bien joué en défense, on les aurait battus.

«Quand tu présentes un dossier de 4-1 contre une équipe, c'est que ton plan de match fonctionne.»

La meilleure réplique

Darche n'est pas de ceux qui s'attendent à voir les Bruins jouer aux chasseurs de tête, jeudi.

«Mais si c'est ce qu'ils veulent, c'est à nous de les faire payer en avantage numérique, a-t-il ajouté. C'est la meilleure solution pour calmer une équipe.»

Jusqu'ici, le Tricolore a profité à fond de ses chances face aux Bruins afin de remporter la bataille des unités spéciales. Son unité de supériorité numérique a fonctionné à un taux de 39,1% (9 en 23) lors des cinq premiers matchs tandis qu'à court d'un homme, le CH a limité les Bruins à deux buts en 18 avantages numériques (efficacité de 88,9%).

Ce serait une bonne idée de continuer à faire payer l'adversaire, à condition de demeurer discipliné. Le Tricolore continue d'être l'équipe ayant accordé le plus d'avantages numériques à l'adversaire cette saison (298).

C'est 62 de plus que les Bruins...