Il y a de ces histoires qui relèvent du mythe, trop belles pour être vraies et souvent bonifiées avec les années. Mais l'histoire du masque de Gerry Cheevers n'est pas une légende. Elle est véridique du début à la fin.

Ce fameux récit met en scène un jeune Cheevers qui déteste les entraînements et qui décide, un beau matin, de feindre une blessure au visage après avoir été atteint par un tir faible «qui n'aurait pas brisé un oeuf», selon ses propres mots. Sommé de retourner sur la glace par l'entraîneur Harry Sinden, Cheevers remarque alors que le préposé à l'équipement des Bruins de Boston, «Frosty» Forristall, est en train de dessiner des points de suture sur son masque, comme pour faire croire qu'il avait été sérieusement blessé.

Le reste fait partie de l'histoire avec un grand H, comme on dit.

«Après ça, on s'est mis à faire une évaluation du nombre de points de suture que j'aurais dû recevoir si je n'avais pas porté le masque, raconte l'ancien gardien des Bruins. Au bout du compte, après toutes ces années, je pense que notre estimation était assez précise!»

En tout, Cheevers a disputé un grand total de 418 parties dans la LNH. Des rondelles dans la figure, il en a reçu. Souvent. Résultat? Plus ça allait et plus le masque se couvrait de ces petites traces noires. «Mais à l'époque, personne ne me faisait le moindre commentaire sur mon masque, précise-t-il. Ce masque est probablement devenu le plus connu de toute l'histoire de la LNH, mais sur le coup, on ne pensait pas à ça.» Cheevers affirme avoir porté seulement deux versions du masque durant toute sa carrière de 1965 à 1980,

chez les Bruins de Boston et chez les Crusaders de Cleveland, dans la défunte Association mondiale de hockey.

«J'ai eu le même masque pendant tous les matchs de saison régulière, sauf pour une saison, alors que j'ai porté l'autre... J'ai refusé plusieurs offres d'achat pour ces masques, vous savez. Je ne vais jamais les vendre.»

Les deux masques de Gerry Cheevers sont entre bonnes mains. Une version se trouve au Musée de St. Catharines, en Ontario. L'autre version est accrochée à l'un des murs de la chambre de son petit-fils.