Sidney Crosby gravit une marche à la fois, prudemment, tout simplement parce qu'il n'a pas d'autre choix. Quelques minutes sur la patinoire une journée, puis quelques autres le lendemain ou quelques jours plus tard.

Normalement, Crosby patinerait avec beaucoup plus d'intensité d'un bout à l'autre de la patinoire afin de se dépêcher à effectuer un retour au jeu avec les Penguins de Pittsburgh, deux mois et demi après sa commotion cérébrale. C'est le genre de joueur qui n'offre jamais de demi-mesure depuis le début de sa carrière professionnelle et qui, de loin, vit sa plus longue période d'inactivité depuis son entrée dans le circuit Bettman, en 2005.

Cette blessure est cependant différente des autres - les commotions sont imprévisibles, ne pardonnent pas. Les commotions se contre-fichent du salaire de ceux qui les encaissent, du nombre de coupes Stanley qu'ils ont remportées ou du nombre de buts en or qu'ils ont marqués durant les Jeux olympiques.

Et donc, jusqu'à présent, Crosby ne peut qu'effectuer quelques courtes présences, chronométrées, sur la patinoire, comme celle de 15 minutes jeudi au complexe d'entraînement des Penguins, en banlieue de Pittsburgh. Il aimerait passer plus de temps sur la surface glacée, beaucoup plus, mais ses médecins - et sa blessure à la tête - l'en empêchent.

«J'essaie simplement d'y aller lentement, a dit Crosby, qui n'a pas disputé un match depuis le 5 janvier. Je ne veux pas ressentir de symptômes, et je ne veux pas hâter les choses.

«Ce n'est pas le genre de chose qu'on peut bousculer. Je sais que ça prendra du temps. De ne rien faire pendant deux mois et demi, ça paraît.»

Les séries éliminatoires de la LNH vont débuter dans moins d'un mois et les Penguins, qui sont parvenus à la surprise générale à demeurer parmi l'élite de l'Association Est en dépit des blessures à Crosby et Evgeni Malkin (genou), rêvent au retour de leur capitaine à temps pour la classique printanière.

Avant qu'il ne se blesse, alors qu'il avait encaissé deux mises en échec retentissantes à la tête lors de deux matchs séparés au cours d'une période de cinq jours en janvier, Crosby était en voie de connaître sa meilleure saison en carrière, avec 32 buts et 34 aides en 41 matchs seulement. (En comparaison, Alexander Ovechkin, des Capitals de Washington, est toujours à trois buts du no 87, en dépit du fait qu'il ait disputé 31 matchs supplémentaires.)

Dans la réalité, cependant, les Penguins sont conscients que leur parcours éliminatoire, qu'il soit court ou long, pourrait se faire sans leur joueur étoile de 23 ans. Les symptômes d'une commotion cérébrale peuvent traîner en longueur, s'étendre sur plus d'une saison, mais les Penguins veulent s'assurer qu'ils ne mettront pas l'avenir de leur joueur de concession en péril en le ramenant trop rapidement au jeu.

Pour les Penguins, et Crosby, l'attente est la partie la plus difficile à endurer. Il ignore, l'équipe ignore, et les médecins ignorent quand le feu vert sera donné.

«(Il) progresse lentement, selon les recommandations des médecins, et il demeure en contact avec eux afin de les informer de ce qu'il ressent et de sa progression, a dit l'entraîneur-chef Dan Bylsma. S'il patine, ou s'il ne patine pas, ou ce qu'il fait sur la patinoire, est établi selon le protocole des médecins et le suivi du programme... Il progresse tranquillement, mais il n'y a pas d'échéanciers pour son retour au jeu.»

Pendant des semaines, la moindre activité physique de Crosby pouvait lui causer de sévères maux de tête. Au bout du compte, après plusieurs semaines d'inactivité, Crosby a pu faire du vélo stationnaire sans souffrir de ces symptômes.

Puis est venue la séance de patinage de lundi, alors qu'il a décoché quelques tirs et effectué quelques manoeuvres autour des cônes. Puisqu'il n'a pas ressenti de symptômes, il a répété l'expérience mardi. Et jeudi.

«Ce fut bien de pouvoir passer au travers, c'est une petite victoire», a-t-il mentionné.

Mais avant de pouvoir participer à un autre match dans la LNH, Crosby devra probablement se plier à des semaines d'entraînement physique afin de retrouver son synchronisme et de pouvoir aider ses coéquipiers comme il le faisait auparavant.