Jacques Martin a proposé à ses joueurs, en début de saison, de diviser le calendrier en segments de cinq parties. Ça leur a non seulement permis de garder le cap sur des objectifs à court terme, mais aussi de se donner une meilleure mesure de leurs performances. En visant une moyenne de trois victoires par segment de cinq matchs, le Canadien pouvait espérer terminer l'année avec 100 points.

C'est aujourd'hui une cible ambitieuse, mais pas impossible à atteindre.

Sans pour autant le garantir, les 100 points amélioreraient les chances de l'équipe d'amorcer les séries éliminatoires au Centre Bell.

«Toute notre attention est portée l'avantage de la patinoire, a noté Brian Gionta. C'est un gros atout, surtout en début de séries.»

Selon le site SportsClubStats, qui se spécialise dans le calcul de probabilités, le Canadien n'a que 25% de chances de finir parmi les quatre premiers de l'association, donc parmi les équipes qui profiteront de cette avantage. Son rang le plus probable est le sixième, soit celui qu'il détient en ce moment (37% de chances).

Il faudrait que le CH récolte 19 points dans les 13 derniers matchs qui lui reste pour que ses chances d'obtenir l'avantage de la patinoire passe au-dessus de 50%.

D'où l'ampleur du défi.

La victoire à Pittsburgh, samedi après-midi, est tout de même un pas dans la bonne direction. Elle a permis au CH de plus ou moins larguer ses poursuivants et de confirmer que six formations se disputent désormais les quatre rangs donnant l'avantage de la patinoire en séries.

«Ce sont deux gros points en banque qu'on vient de remporter, disait Hal Gill après le blanchissage face aux Penguins. Maintenant on va pouvoir souffler un peu avant de retourner au boulot. On a une grosse semaine devant nous.»

Bonne semaine!

Grosse semaine en effet.

Même si un autre des «segments à Jacques» prend fin demain soir avec la visite des Capitals de Washington, la tentation est forte de considérer les matchs de cette semaine comme étant un segment en soi.

Il y a d'abord eu les Penguins, contre qui le Canadien a pu gagner du terrain. Puis, il y a les rencontres des cinq prochains jours, contre les Capitals, le Lightning de Tampa Bay et les Rangers de New York.

Les Caps semblent partir en orbite depuis 15 jours; ce ne sera pas de la tarte que de les retenir. Le Lightning, lui, s'essouffle: un seul gain en sept sorties depuis le début du mois de mars.

Quant aux Rangers, ils auront face au Canadien l'une de leurs dernières chances de recommencer à penser en fonction des équipes qui sont devant eux, et non derrière.

Le Canadien, lui, n'en est plus là. Il est plus près du sommet de l'Association Est que de la huitième place !

Meilleur à l'étranger

Sept des 13 derniers matchs du calendrier seront disputés sur des patinoires adverses. Il n'y a pas si longtemps, cette fin de saison dans les valises était un gros nuage au-dessus de la tête du Canadien.

Or, la donne a changé, comme en fait foi la victoire à Pittsburgh.

«Pendant longtemps nous avons joué légèrement sous la marque de ,500 sur la route et on en arrachait», a admis Travis Moen.

«Mais j'ai l'impression que nous avons changé ça de côté. C'est la période de l'année où l'on comprend mieux l'importance de chaque match et les gars élèvent leur niveau de jeu.»

Depuis sa victoire en Floride, à quelques heures du Nouvel An, le Tricolore a maintenu une fiche de 9-5-1 à l'étranger.

C'est fort respectable.

L'équipe a beau avoir en mire l'avantage de la patinoire pour les séries, elle n'ira pas bien loin sans s'être forgé un certain succès sur la route.

«Quand on veut vraiment l'emporter, ça n'importe plus de savoir qui fait quoi. On devient une formation difficile à battre», a dit Scott Gomez.

«Mais parfois, ça implique de jouer un style un peu plus endormant à l'étranger. On s'éloignait de cela plus tôt cette année.»