Le violent coup signé Zdeno Chara sur Max Pacioretty, mardi soir au Centre Bell, va une fois de plus relancer le fameux débat des coups à la tête. Hier midi en tout cas, dans le vestiaire du Canadien, c'est de ça qu'on parlait. De ça et de rien d'autre, ou presque.

Drôle de hasard, tout de même. Cet (autre) incident survient à moins d'une semaine des réunions des directeurs généraux de la ligue qui auront lieu en Floride la semaine prochaine.

Parmi les sujets chauds qui vont être abordés par les DG sous les palmiers, il y aura, bien sûr, l'épineux problème des coups à la tête. Le sujet était déjà prévu à l'horaire avant le coup de Chara. Mais après l'incident de mardi soir, et après la décision de la LNH de n'imposer aucune sanction supplémentaire à Chara, le sujet sera assurément à l'avant-plan chez les dirigeants.

Alors, comment en finir une fois pour toutes avec les coups à la tête? La question a été posée maintes fois dans le vestiaire du Canadien, hier à Brossard, et c'est peut-être Mike Cammalleri qui a offert la meilleure réponse.

Selon lui, la Ligue pourrait fort probablement régler le problème en imposant aux coupables de sévères suspensions sans salaire...

«Je peux vous l'assurer, j'ai été suspendu juste un match sans salaire en début de saison, et j'ai détesté ça, a rappelé Cammalleri. Une suspension sans salaire, c'est quelque chose qui affecte un joueur. On n'est pas là, on attend son tour, et on a l'impression d'avoir laissé tomber ses coéquipiers.»

Selon l'attaquant du Canadien, une LNH plus sévère forcerait les joueurs à y penser à deux fois avant de se permettre un coup déloyal à la tête d'un rival. «C'est sûr que les gars y penseraient plus... Et il y a aussi la honte qui vient avec ça. Quand on est suspendu, c'est gênant.»

Le problème, selon Mike Cammalleri, c'est que tout ça part de loin. Le problème en est un de culture. La culture du hockey, qui est la même depuis des années et qui ne change jamais.

«C'est comme ça qu'on nous enseigne quand on est jeunes. Dès qu'on est jeunes, on nous enseigne à frapper pour faire mal. Je ne sais pas ce que Chara pensait quand il a frappé Pacioretty, mais souvent, il y a deux types de mises en échec: la première, c'est pour séparer le joueur de la rondelle, c'est stratégique avant tout. Et la deuxième, c'est uniquement pour faire mal.

«C'est une vieille mentalité du hockey; si on frappe, il faut que ça fasse mal. C'est ce qu'on nous apprend quand on est jeunes. Il faut tuer au lieu d'être tué. Pour changer ça, ça va prendre beaucoup de travail et beaucoup de temps. Et ce ne sera pas facile à faire.»

Cammalleri, qui est aussi un grand fan de football américain, observe de plus en plus ce qui se passe dans la NFL, là où le problème des coups à la tête est aussi une triste réalité. Mais la NFL a déjà établi une politique en matière de coups à la tête, et il estime que les joueurs de la LNH devraient en tirer quelques leçons.

«Au football américain, on connaît de plus en plus les effets à long terme des commotions cérébrales. Je pense que ça devrait nous toucher; après tout, on veut tous vivre vieux et voir nos enfants grandir...»